•  As-tu déjà ressenti cela que l'ultime pas ne nous appartient pas, de sentir venir d'au-delà de toi une énergie tellement particulière ?

     

    C'est très étrange ce que je ressens à ce propos, mais peut-être est-ce tout simplement ce que ressent la corde du violoncelle ou de la harpe. Une vibration intérieure qui lui semble personnelle, tout à fait sienne. Mais en même temps, rien n'est à personne, tout ce que nous faisons est une petite part des choses, nous sommes une parcelle de conscience qui participe à quelque chose qui nous produit et nous contient.

    La corde a vibré, un doigt magique venu d'ailleurs l'a effleurée, et pourtant ce doigt-là ne sent pas complètement la corde comme un objet étranger, il lui faut la sentir comme une prolongation de lui-même.

    Une vibration se commet qui fouette l'air, l'air tremble et le son apparaît comme par prodige, l'immobilité choquée passant à la mobilité vivante et ce qui n'était qu'un bout de métal soulève des montagnes irrévélées dans les profondeurs de notre être. Et la corde ne vibre pas seule, l'instrument tout entier dansera avec elle, s'unira à elle, lui apportant un soutien in-mesurable, mystérieux qui sans doute remonte le temps jusque dans les mains du luthier.

    Et plus haut encore, plongeant ses racines dans son intimité profonde, dans ce qu'il vivait avec sa femme, ses enfants, ses amis, et le son continue son chemin remontant encore, parce que c'est sûr, on pourra lui trouver des liens avec l'ovule qui se transforma en petit enfant futur luthier.

     


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  • Que reste-t-il lorsqu'on a plus d'image sur les personnes ?

     

    Il reste les personnes ou les autres « choses », telles qu'elles nous apparaissent dans leur « éphémérité ». Toutes choses étant éphémères, elles passent trop vite pour que nous puissions y coller un quelconque jugement.

    Ensuite, avec le temps, notre esprit perd l'habitude de fabriquer des images parce qu'il a horreur à la base de ce qui ne peut durer en lui. Il sait en fond d'écran que tout finit par disparaître et cela lui fait peur.

    Quand il n'a plus peur, il cesse de fabriquer des images ou plus exactement, il efface toutes les images qu'il prête aux choses pour pouvoir communiquer avec elles.

    Mais ces liens de communication sont comme des traces de pas sur le sable que les vagues effacent au fur et à mesure.

     

    Comme une relation qui se ferait plutôt dans la rencontre avec des « événements » et non pas à partir d'une idée construite que celui-là est ainsi, etc ?

     

    Non, une relation qui se fait avec les sens sans la somme des interprétations qui l'accompagne d'habitude. Le seul fait de se répéter que l'on se leurre nous positionne dans une attitude d'éveil. Sauf si on se le dit avec ressentiment.

     

    De se redire, oui, sans témoin, parce que le fait de le dire à quelqu'un c'est autre chose.

     

    Oui. Parler à l'autre nous fait tomber dans les pièges de l'ego presque toujours. Mais pourtant parler à l'autre est une nécessité pour le travail, nous n'avons pas le choix.

     

    Alors ? Attention et rigueur...

     

    Rigueur et gentillesse. Acceptation et patience.

     

    Oui, gratitude aussi, quelque chose de doux pour l'autre naît là.

     

    Oui.

     

    Ne jamais renoncer... même si parfois on se sent tellement nul. Oui !

     


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  • Hier, je me suis ressouvenue de ce chant de vie... J'ai raccompagné Sarah, nous nous sommes retrouvés avec ses parents à la plage. Puis ils sont partis et je suis restée encore un peu.

    Le vent puissant s'amplifiait dans les filaos, un bruit de tempête, comme je les aime. Les vagues s'échouaient avec fracas sur la barrière de corail, et l'agitation des eaux gagnait la plage. Tout était puissance et force, qui me fait taire.

    Et le ciel d'un bleu si profond, et les branches d'un arbre, si vivantes dans le vent.

    La vague a-t-elle atteint le rivage ? Je ne sais pas, je n'étais pas là pour le voir. Me voici assise sur le sable, avec cette drôle d'impression d'être arrivée quelque part. C'est venu, sans bruit se dire ainsi « Ce n'est pas moi, ça ». Tout reprend sa place... j'avais oublié.

     

    Merci, merci mille fois de ce partage que je reçois en plein cœur.

    Tu t'es souvenue, ressouvenue de quelques expressions qui font ton visage, ton sourire, ton regard. Tu t'es plongée dans des mouvements de la nature, le chant du vent dans les arbres, le gris des nuages, et ils ont su te parler de toi, par-dessus tes batailles, te donner un peu de leur paix. Je les en remercie pour toi, pour nous, pour le monde entier, car un souvenir est comme une naissance et c'est pour le monde que l'on naît.

    Comme tes derniers mots ouvrent de portes, en toi comme en moi, c'est donc que lorsqu'on avance vers la redécouverte de soi, on avance vers les autres. Comme l'enfant qui fait ses premiers pas en a conscience !! Oui, c'est bien de recevoir que l'on partage et non de donner.

    Ces perles nous les dégageons des visages de la statue, quand nos mots émis vers l'autre la cisèlent, lui arrachant quelques nouvelles étincelles dans les yeux, ici, la malice d'un regard, là, la complicité d'une commissure des lèvres.

    Lorsque nous nous ouvrons à l'autre, lui proposons de goûter un peu de ce thé, lui permettons de s'asseoir dans le fauteuil le plus confortable, quand l'autre vient, c'est une occasion rêvée de se voir un peu plus. Car de que nous voyons de notre visage dans la glace n'est pas de la plus grande vérité, il n'y a que dans les yeux de l'autre que l'on se découvrira plus.

    Merci à toi d'avoir accepté de recevoir ma paix, et ce faisant, de lui avoir permis de grandir encore.

     


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  • Cette relation faite de mots, que t'apporte-t-elle à toi ?

     

    Les échanges, les mots que tu m'envoies, m'offrent à chaque fois une occasion de faire l'effort de me voir mieux, d'une manière plus intense. Ils m'invitent au dépassement, comme celui-là qui traversa la cordillère des Andes après une chute de son avion.

    Je veux que chacun de mes instants soit aussi intense que les siens, que chaque pas ne me laisse m'endormir, céder à la pression du chaos, abandonner.

    Je veux tenir les yeux grands ouverts alors qu'il serait si simple de s'allonger là et de laisser faire le temps.

    Je ne veux pas me reposer, non pas parce que j'ai peur ; j'ai dépassé la peur ; mais il me semble que si je me vois encore et encore, l'oxygène nécessaire à ce petit oiseau ne viendra pas à manquer.

    Ce n'est pas une lutte, c'est ainsi, je suis mu, comme une marionnette. Mais je me nourris d'émerveillement.

     


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  • Notre relation est comme celle du conteur à l'enfant, je te parle de moi comme ce voyageur te décrirait son périple, les pays qu'il a traversés.

    Parfois ils s'allument dans le fond de tes yeux ces pays, parfois tu le les comprends pas, tu ne veux pas accepter qu'ils soient bien réels.

    Tu me reçois dans ton jardin, dans ta maison et ta cour et je me mets à parler. Je te raconte cette vallée où les fleurs sont de toute beauté et où le blé mûr porte déjà le goût du pain qui cuit au four. Je te parle de cette fontaine entre déserts et montagnes pelées où le chant de la corde qui descend le seau suffit à désaltérer l'assoiffé, à un point qu'on en oublie le besoin de l'eau.

    Je te parle d'une arithmétique qui ignore toutes les opérations et par conséquent pour toute somme tentée ne se produit qu'un résultat, toujours le même qui est égal à un.

    Je te parle d'une cour d'école où les enfants courent en ignorant la peur de ce qui vient.

     


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