• A moins de se retirer dans la montagne, on est bien obligé d'agir dans ce monde, non ?

    Tu le fais aussi, nous le faisons tous... alors pouvons-nous ne pas nous en préoccuper ? Tout est-il égal ?

     

    Non, rien n'est égal.

     

    Bien sûr qu'il en est ainsi, nous faisons donc des choix. Après avoir déblayé autant que faire se peut, il y a un moment où l'on décide de prendre une direction. Oui ou non ?

     

    Oui, et ensuite ?

     

    Je sens un risque à ne jamais se décider... a rester à ce niveau où l'on se dit que l'on ne sait pas... que l'on ne peut pas savoir... comme un état d'impuissance...

     

    Je ne vis pas cela. Tout le monde me voit comme un homme de décision. Un homme d'action.

     

    Je ne dis pas que tu vis les choses ainsi, et si je t'en parle c'est bien pour ça ! Qu'est-ce alors pour toi agir ? Tu décides et tu fais...

     

    Oui, le contraire de tourner en rond.

     

    Oui, parce qu'il n'y a pas de question pour toi. Pas de question, donc tu décides et tu fais. Et cette force vient-elle du fait qu'il n'y a pas de question ?

     

    Les questions sont faites pour ceux qui espèrent un savoir. Ils pensent qu'il est nécessaire de savoir pour vivre.

     

    Donc la force vient du fait de ne pas avoir besoin de savoir ?

     

    Voilà ! Et je dirai que c'est ceux qui n'en ont pas besoin qui en savent le plus. Mais ils ne savent pas forcément ce qu'ils savent.

    Le monde se partage en deux : ceux qui comptent sur le savoir et ceux qui vivent en se fichant bien du savoir. Les mots comme « savoir » sont faits pour les imbéciles.

    Vivre se suffit et comme il est vaniteux de croire que l'on peut percer les mystères du monde. Je vis en regardant toute chose comme importante. Ainsi, je respecte toute chose, j'honore toute chose. J'en prends soin en veillant bien de ni la corrompre, ni la posséder. Ainsi, je reste libre comme je laisse toute chose aussi libre que moi-même.

    Donner la liberté à toute chose, c'est se donner la liberté. Il n'y a rien d'autre à faire, parce que cela emplit déjà bien la vie. Le reste est bavardage.

     

    Dirais-tu que ce que nous faisons là, est du bavardage ?

     

    Oui ! Oui parce que j'ai déjà fait ce discours une bonne vingtaine de fois pour toi. Au-delà de quatre fois, tout est bavardage pour moi... pour moi.

     

    Une chose peut-elle être du bavardage pour l'un et non pour l'autre ? Je crois que non !

     

    Là, tu es mieux placée que moi pour en juger. Mais j'aurai parié que pour toi, ce n'est pas du bavardage.

     

    Il me semble que la seule chose important, est ce qui se passe dans l'échange. Si l'on se place à ce niveau où pour toi c'est du bavardage et que pour moi cela n'en est pas, nous ne sommes pas en relation.

     

    C'est toi qui l'affirmes... Je n'ai pas la prétention de juger de la qualité de la relation, ni de savoir ce qu'elle sert précisément. Et mon sentiment, n'est que mon sentiment.

     

    Au fond les sentiments ne méritent pas d'être signifiés, c'est ça ?

     

    Au contraire, on doit les signifier puisque de toute façon, le corps les signifie sans censure. Mais on doit faire attention de ne pas prendre trop de décisions sur la base des sentiments.

     

    Oui, le corps signifie sans censure et chacun le sent dans son corps. Entendre à la fois ce que l'autre émet, ce qui se dit en soi...

     

    C'est vivre, le reste est bavardage !

     

    Alors nous avons échangé non pour la valeur du savoir, mais pour avoir osé se dire nos sentiments que nos corps disent si fort.

     

    Il te faut encore chercher à savoir pourquoi nous avons échangé ? (Sourire). Nous avons échangé pour vivre, le reste est bavardage.

     


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  • La question est simple... Tu demandais comment est-il possible d'aller et d'accepter la relation à l'autre sans être négativement atteint par ses énergies. C'est bien ça ?

     

    Oui.

     

    Alors je te réponds, ce qui détermine en nous le degré et la nature de notre accessibilité aux attentes de l'autre s'appelle la sensibilité.

    La sensibilité est le résultat de notre attitude envers ce qui peut représenter pour nous une menace ou son contraire. Il en va là comme de notre système immunitaire.

     

    Tu ne perds pas en sensibilité mais tu sais reconnaître les intentions néfastes, et tu leur fais barrage, sans te fermer à la relation ?

     

    Bien sûr, la sensibilité n'est pas ce qui permet de reconnaître ce qui est là, en face. Celui qui est allergique à l'arachide va mourir s'il en consomme une, pourtant rien ne détermine que l'arachide soit nocive. Une sensibilité n'est pas objective.

     

    Être conscient et être sensible n'ont pas le même sens du tout.

     

    La sensibilité, je crois, a deux significations différentes. Il y a celle liée au psychologiques, qui entraîne la réactivité, et puis celle du corps mais je dois encore confondre et je cherche encore des choses compliquées.

     

    Ces deux sensibilités sont étroitement liées. Les allergies par exemple sont une manifestation physique qui prend ses racines dans le terrain de la psychologie. Au départ il y a un événement qui survient, il est vécu dans la déformation que l'esprit lui applique.

     

    Je te parle du fait d'avoir des sens en éveil...

     

    J'ai deux termes pour ne pas mélanger. La sensibilité pour ce qui s'applique aux sens eux-mêmes, et la sensiblerie pour ce qui est installé dans le monde de la pensée.

     

    Oui, je suis d’accord, j'utilise aussi ces deux termes. Donc tout à l'heure tu parlais de sensiblerie ?

     

    Oui.

     


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  • D'où viennent nos résistances ?

     

    Nos résistances ne sont pas dressées en fonction de notre lien avec les autres hommes seulement, mais encore en fonction de la qualité du lien avec l'univers.

     

    Ah, j'ai l'impression de n'avoir de résistance que dans la relation au monde humain.

    Pour toi, c'est faux ?

     

    Oui et c'est évident. Notre seuil de tolérance dépend de notre ouverture au monde. L'amour du « monde » entre et circule en nous, et dans la mesure de ce phénomène, il installe les conditions qui font nos relations avec tout de qui est dans ce monde. Si tu te sens plus ouverte aux gens, c'est que tu les entends mieux.

     

    Les entendre ? Oui, il y a de ça, mais alors je n'écoute pas ce qu'ils disent.

     

    C'est quand on n'écoute plus qu'on entend.

    Quand on ne regarde plus qu'on voit.

    Qu'on ne réfléchit plus qu'on sait.

     


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  • J'essaie de retrouver ce que j'avais en esprit... deux forces qui s'opposent, entre les deux la création...

    Et toi tu dis exactement le contraire, en toi, les deux forces se rejoignent en un point d'équilibre et là en ce point la création.

     

    Voilà un bon exemple de la conceptualisation. L'esprit veut voir des oppositions et tantôt des alliances.

    Dans l'espace de la vie les oppositions ne sont là que pour proposer le mariage. L'obscurité le plus noire accouche de la lumière la plus vive.

    Rien ne s'oppose plus. Rien ne se repousse. Et rien ne s'attire non plus, car tout prend sa source dans l'autre. Mais cela l'esprit ne veut pas le croire.

     

    Oui, parce que ce que nous nommons là, « esprit » est le penseur. Le penseur est séparé de son objet la pensée, il ne peut envisager les choses que sur le modèle dont il est né.

     

    Oui, l'esprit conceptualise à partir de ce dont il est fait, la multiplicité, pas la simplicité et encore moins l'unicité.

     


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  • Pourquoi, cette distance, cette impression d'être trop près, trop loin ?

     

    L'obstacle ne se nourrit pas seulement de nos différences et de nos volontés, il est nourri aussi par notre propre lien à nous-mêmes.

    Quand tu approches trop vite d'un cheval, il s'éloigne. Tu as beau recommencer mille fois, il s'éloigne encore parce que cette distance lui est primordiale, pourtant il vient un moment où il finit par accepter que tu te tiennes tout près de lui et le touches.

    Alors pas réflexe idiot tu te dis à toi-même "j'ai gagné sa confiance ! A force d'insistance j'ai gagné" .

    Mais c'est faux ! Rien n'est plus faux !

    Ce n'est pas par ton insistance que tu as gagné. C'est qu'à force de te répéter, tu as modifié ta façon de marcher, de te tenir, ton regard, ton odeur, etc. Et le cheval, voyant tous ces changements a fait ce qu'il aurait pu tout aussi bien faire la première fois, il l'a laissé entrer.

    Les portes que chacun dresse autour de lui, lui appartiennent. Il n'y a rien à en dire, rien à exprimer, rien à critiquer. Il faut simplement accepter, sans se battre, accepter la porte, c'est posséder la clef.

     

    Oui, je la refuse la porte, un monde sans porte... cela n'existe pas, je comprends...

     

    Bien sûr ! Mais là où tu te fourvoies, c'est quand tu penses que ce qui se ferme se ferme pour toujours.

    Rien ne se ferme pour toujours.

     

    Je n'ai pas dit ça, je ne le pense que dans la désespérance.

     

    La porte ne fait que s'ouvrir et se ferme successivement. Depuis que nous parlons ce soir, cela s'est fait cent fois.

     

    Alors, voir ces portes qui s'ouvrent et se ferment il n'y a rien d'autre à faire ?

     

    Il y a à apprendre et réapprendre constamment à les pousser.

     

    Oui, elles ne sont jamais ouvertes pour de bon ?

     

    Une fois pour toutes veux-tu dire ?

     

    Oui.

     

    Non, je ne crois pas.

     

    Si ce que tu dis est vrai, c'est …

    Bah, de toute façon, il est clair qu'il en est ainsi sur cette terre.

     

    Ben oui !

     

    Je ne sais pas, mais au fond de moi, cette voix, cette aspiration à autre chose, dans la mort alors ?

     

    Quelle aspiration ?

     

    A ce qu'il n'y ait plus de porte qui se ferme...

     


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