• Ah, je crois t'attendre à la croisée des chemins et je te retrouve là, en face de moi.

     

    Je ne suis pas mystérieux, je me veux le plus simple possible et je crois qu'avec un peu de temps, tu me verras ainsi, dans une évidente simplicité.

    Je suis l'ami qu'on ne voit pas ou très furtivement, celui que l'on croit toujours absent, mais qui ne l'est pas.

    La solitude est pour moi ce ressentiment vain qui se glisse entre mon ombre et moi-même lorsque j'ai la faiblesse de penser qu'elle est ou devrait être une fidèle compagnie.

    Je sais bien que je me leurre et que je n'aurai jamais de fidèle compagnon, alors je me souviens que j'oublie que je me souviens, et j'oublie que je me souviens, me touchant par en dessous de ma peau, là je sais qu'ils ont inventé ce mot.

     


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  • Ton attitude est déroutante, si je ne viens pas, plus rien ne se passe, si je viens tu es disponible en tout.

    Qui es-tu mon ami ?

     

    Oui, je comprends que ce soit déroutant, peut-être injuste aussi, mais cette « attitude » témoigne bien de ma nature profonde, et là, on peut ressentir la présence de la grotte en moi.

    Je ne sais prendre cette initiative de parler à l'autre, je traverse la place en silence, regardant celui-ci assis sur son banc, regardant celle-là danser, me contentant de sourires discrets à leur adresse.

    Je n'entreprends jamais de leur adresser la parole, on pourrait me croire muet. Et pourtant, quand une question fuse vers moi, je cesse d'être cette statue, je m'ouvre.

    Je me sens bien dans un cas comme dans l'autre, jamais forcé. Conscient de la richesse du silence qui me montre des images qui s'envolent dès que la langue entre en action. Mais là, nous n'avons pas d'autre moyen que la « parole », et il est vrai que si tu ne faisais pas le premier pas, le silence se réinstallerait entre nous.

    Il y a des architectures qui ont de drôles de règles en elle, j'entre en friction interne lorsque je ne respecte pas cette règle.

    Il y a des horloges qui carillonnent chaque heure, chaque demi-heure et même tous les quarts d'heure, la mienne veut être réveillée, un souffle suffit, mais il doit être. J'espère que tu ne m'en veux pas pour cela.

    Sois patient mon amie, la patience est la plus jolie des parures de l'amitié.

     


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  • Tu es, Ron, comme le renard du petit prince. Il faut t'apprivoiser, et le faire avec beaucoup d'intelligence et de tendresse. Au début rester à bonne distance, j'ai brûlé les étapes, je le vois. Je suis ce feu dévorant, mais je peux aussi attendre, et juste te regarder.

     

    Je ne cherche pourtant pas à cacher quoi que ce soit, je n'ai pas de peur, ni de honte, ni de fierté. Je ne cherche pas non plus à savoir ce que je suis. Je crois que je me contente d'être et de me faire dans l'instant. Je ne sais pas ce que je suis et ne réussis pas à formaliser ce que je sens.

    Je suis en colère (sourire) après cette langue et cet esprit qui sont les nôtres. Ils sont faibles et imprécis, ils me trahissent en permanence.

    Je nourris l'espoir qu'avec un peu de temps, malgré les non-dits, les malentendus, mes amis parviennent à décrypter ce que je suis, si ça a un quelconque intérêt pour eux. Pour moi, ça n'en a pas, seules les raisons de me battre ici ont un intérêt.

    Ce monde et ces paysages de l'amitié, la paix retenue par-delà les boucliers des guerriers, la paix qui habite entre les vibrations du son du canon, voilà ce qui compte, voilà ce que je cherche à atteindre.

     


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  • Mais que dis-tu si fort que je n'entends pas ?

    Qu'est-ce donc ce que tu appelles l'amitié ?

     

    Qu'est-ce que l'amitié ? C'est simple. Elle est le contraire de ce que l'on appelle le plus souvent « l'amour ». Car l'amour qui crée l'attachement n'est pas l'amour. L'amitié au contraire de l'amour n'attend rien, elle ne veut pas s'appuyer sur..., n'exige rien, elle se fait l'oreille pour entendre, alors que l'amour se fait bouche pour dévorer, et quand il prétend donner, c'est pas espérance de recevoir en retour.

    As-tu observé, Michelle, comment tout autour de toi il est rare de voir un amour qui se donne sans aucun espoir de retour ?

    C'est ainsi que je vis la relation avec tous. Sans attente, sans espoir, sans exigence, sans croyance, et préférant le silence à toute chose, je me tais si l'on ne me parle pas. Et si l'on me parle, alors je parle « d'amour », mais de cet amour qui se nourrit de lui-même.

    L'amitié, se vit dans la plus grande modération, comme lorsque tu traverses une forêt, ce qui est important, ce n'est pas ce que tu vas y voir, y faire. Le plus important c'est de laisser le moins de traces possible de ton passage.

    Ainsi se veut mon amitié, respecter l'autre pour ce qu'il veut être, et n'y rien ajouter qu'il veuille te prendre de son gré. Un bon ami doit savoir me voler, car je ne lui donnerai rien.

     


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  • Dans une nouvelle forme de relation, il est important que chacun assume ses difficultés, elles se trouveront éclairées par ce qu'est l'autre. Peut-être se trouveront-elles réglées par la relation.

    Chacun doit oser se dire, dans son questionnement, dire ce qu'il voit de la vie de la fenêtre où il est.

    Cela met dans l'obligation d'apurer la parole de tout ce qui est de l'ordre du savoir que l'on n'a pas observé soi-même ?

    On doit se toucher, être dans une réelle intimité, sans fausse pudeur. La pudeur est naturelle ou n'est pas.

    Si nous nous révélons différents sur ce plan-là, nous ne pouvons pas continuer à être en relation.

    Cela doit être la complète liberté, donc totale confiance, en soi, en l'autre. La confiance est totale, ou n'est pas. Le moindre doute et elle n'est plus.

    Si l'on cherche à être dans la maîtrise de la relation pour son compte, par peur, par intérêt, il n'y a plus de relation en tant que telle.

    Évidemment, c'est un défi, un sacré défi même. Parce que tout ce que je viens de dire demande à être effacé, pour que la relation soit.

     

    Je suis en parfait accord avec cela ! Tu me proposes une vraie amitié, je ne peux que me lever pour te dire : Présent !

     


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