• Je pense que dans tous les cas nos corps ne peuvent faire que cela, créer.

    Que lorsque je suis un peu plus attentif, j'en aperçois quelques morceaux.

    Que lorsque je veux diriger, les choses se créent avec ma participation, en fonction de ce que je suis capable de voir.

    Que dans la mort, mon corps se décomposant créera encore des montagnes de choses auxquelles ma volonté ne cherchera pas à se joindre.

    Quoi qu'il en soit le « je » se refuse définitivement à porter un jugement, quel que soit ce jugement sur la nature de « ce » qui se crée là. Je crée sans être l'auteur de la création, je me sens pinceau tout au plus et certainement pas peintre.

    Le pinceau peut-il se porter en juge de l’œuvre ?

     


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  • Alors l'intériorité, c'est ça, se rendre disponible à …

     

    - Oui tout à fait, c'est d'ailleurs le bon terme, la disponibilité, ou la vacance.

     

    Oui, que de mots incompris, et ce ne sont pas histoires de vocabulaire et de définition.

     

    Oui.

     

    Tu sais, ça s'éclaire...

     

    Oui, je comprends et tu ressens quoi ?

     

    De la joie paisible, une grande confiance, une stabilité, un jour tu as dit être dense comme la montagne et surtout je vois cette désespérance qui m'a toujours habitée, disparaître. Ça, je crois que c'était vraiment lié à ce fonctionnement du mental, avec l'appel d'autre chose qui ne pouvait prendre sa place et cela faisait désespérance.

     

    Transformation se fait, et il n'y a aucun raison pour que la conscience s'en détourne.

    Chaque moment est un moment de transformation que nous le voulions ou non quelque soit notre volonté. C'est la conscience que l'on en a qui change. Mais décider de changer n'est rien d'autre qu'appliquer son attention à un changement dont la direction est choisie.

    Tu es aussi la vie, ton choix est aussi la vie. Ta décision est encore la vie.

    Quand on est dans l'illusion c'est qu'on ne peut pas faire mieux pour l'instant.

    On ne tarde pas à tomber dans un trou et on prend une claque alors on se redresse vers une autre direction.

    Les claques qui sont nécessaires, il n'y a moyen de les éviter tu sais.

    Une seule chose peut nous tuer. C'est la suffisance

     


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  • Y-a-t-il quelque chose d'infiniment important à quoi nous devrions rester attentifs à chaque instant ?

    Quelque chose qui nous permettrait d'aller en toutes circonstances d'un pas paisible, sans plus connaître cette errance que nous sommes à nous-mêmes ?

     

    Je te dirai : la « vie » ! Michelle.

    Mais tu ne te contenteras pas de cette réponse, qui s'en contenterait d'ailleurs ?

    Un seul mot de trois lettres, serait-il un jour une réponse ? La réponse à toutes les questions ?

    Nous allons dans la vie comme le funambule sur son fil à 300 mètres du sol, sans filet, sans sécurité aucune, si ce n'est nos illusions.

    En équilibre sur son fils, la pression de la mort de tous les côtés, à 360 degrés.

    Une seule issue pour connaître ce que l'instant d'après nous réserve, avancer tout doucement, délicatement en maîtrisant toutes les tensions nôtres, toutes les forces qui nous frappent et nous poussent vers la chute, vers la fin, vers l'incommensurable peur.

    Avancer centimètre après centimètre sans jamais regarder derrière, sans jamais regarder trop loin en avant, de peur que le fil ne disparaisse et qu'on ne sache plus où reposer son pieds.

    Et arrive l'inexplicable expérience, par surprise, dans un oubli intense de son petit « soi », le fil n'est plus séparé de nous, de notre souffle, il est l'air que nous respirons, l'eau que nous buvons, ses deux points de fixation ne sont pas ailleurs que dans notre chair la plus profonde.

    Et c'est cela que « vivre », écouter notre conservation intime, secrète, avec ce monde au creux le plus profond de notre chair.

     

    Je sais que c'est ainsi que tu vis.

    Cette relation, avec le monde, nous la connaissons tous, mais de façon épisodique, et bien souvent de manière inconsciente.

    De l'attention, à l'inattention, nous désespérons de ça, et cela entraîne bien de la souffrance, qu'on le reconnaisse ou pas.

     

    Nous allons sans décider de par ce monde Michelle, et il devient inexact de le dire ainsi : « nous allons », nos pensées, nous font aller où elles « veulent ».

    En fait, une part de nous « inconsciente », donc indépendante de la volonté de notre « moi » mène une activité intense dans la « pensée générale » sans que nous soyons naturellement invités à profiter du spectacle.

    Nous nous rendons compte quelquefois de cette activité souterraine lorsque de petits geysers de surface viennent nous éclabousser les chaussures.

     

    Nous ne sommes donc pas le « capitaine » à bord du navire qui porte comme nom : « penser ». Oui, ce nom n'est pas celui de notre navire mais celui de la mer sur laquelle nous voguons.

    Et notre navire n'est pas un vrai navire, mais juste un petit radeau, sur lequel nous avons entassé les quelques petites affaires que nous croyons posséder, mais qui dans les faits réels nous possèdent bien.

    Alors, avec tout cela, comment peut-on prendre la direction de nos « choix », de nos « pensées » ?

    En quittant la peur qui nous cloue à la surface de notre petit esquif, et en plongeant dans la mer avec l'intention de se transformer en petit poisson.

    Un radeau c'est grand à côté d'un petit poisson, mais combien de risques pour lui qui sont inexistants pour le poisson.

     


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  • L'art

    Comme pour le tir à l'arc, au début on se voit par rapport à la cible, entre elle et nous, il y a cet arc qu'on a bien du mal à dominer. On veut atteindre le point central, mais l'arc nous défie, dans sa résistance il défie notre arrogance et notre suffisance, installant en nous toutes les tensions qui surgissent naturellement dès que nous nous fixons un but, et tout but exige des moyens et des connaissances. Et plus on veut faire bien, plus on se tend, plus on se tend moins on domine, arrive l'instant de la décision et l'on explose dans tous les sens sauf vers celui du point visé.

    Puis vient le moment où le corps et l'arc se parlent par-dessus notre suffisance, notre orgueil, notre volonté.

    Ils font connaissance tous les deux, ils consentent au mariage désormais parce qu'ils ont pris le temps de se connaître, de s'accepter, ceci fait partie de l'art. Vient un autre moment où le mental se détend parce que les noces de l'arc et de notre corps ont installé une paix qui le suspend au-dessus du vide, il oublie même les buts qu'il s'était fixés.

    La flèche vole vers le point, guidée par une force invisible, cette force est une émanation produite par les éléments fusionnés, la fusion crée la paix, la paix est la mère du but atteint quand celui-ci a cessé d'exister en tant que tel.

     


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  • Tu as dit, pour « marcher » poser le regard sur l'horizon. L'horizon n'est pas à l'intérieur de nous, il est extérieur et de plus jamais atteint, il s'agit donc d'un regard extérieur ?

     

    Un regard au loin mais ce regard est celui du cœur, pas celui des yeux. Les yeux doivent regarder la marche sur laquelle se pose le pied.

    Marcher comme on escalade une falaise, celui qui se suspend à la falaise suspend sa vie à ses erreurs.

    Le grimpeur ne conquiert pas la falaise, elle lui indique comment il doit se fondre en elle.

    La prudence est une couleur naturelle de la vie. On n'est jamais assez prudent et le fait d'en manquer est signe d'une nette arrogance.

     

    Je ne viendrais pas te contredire, mais cette prudence naturelle, est parfois confondue avec autre chose... comme la peur d'agir...

    Ou encore vouloir connaître le résultat avant d'agir non ?

     

    Oui, certainement, définis donc ce mot.

     

    J'allais te proposer de dire ce qu'est pour toi cette confiance naturelle... confusion, je voulais parler de prudence.

     

    (Sourire)... lapsus peut-être révélateur... Je suis prudent parce que confiant.

    Confiant dans le fait que ma vie comme la tienne est pendue par un fil, qu'elle n'est pas éternelle, qu'elle sera forcément plus courte que ce que je pourrais le souhaiter.

    Qu'elle ne m'appartient pas.

    Que je ne suis pas maître d'elle.

    Que la vie est prêtée aux vivants et qu'il nous faut bien la rendre quand le monde la réclame.

    Confiant dans le fait que cette conscience qui m'habite me préservera de l'arrogance.

    Confiant que le sentiment de ma nullité me maintiendra dans l'humilité qui seule, peut me permettre de marcher sous la lumière.

    Oui la prudence n'engage rien d'un devenir, elle est tout entière dans l'acte dans une attention confiante...

     


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