• A quoi devrions-nous être attentifs pour enrichir nos perceptions et les déconnecter du joug du mental ?

     

    Bien qu'il faille souvent des années pour s'accorder sur un terme tel que « perception », je répondrais ainsi : l'esprit a besoin de croire davantage que de savoir, mais l'un comme l'autre servent la même cause, « la rassurance ».

     Si l'esprit se demande à lui-même (une de ses entités composantes), d'observer ce qui se passe dans le corps, au niveau des sensations par exemple, et d'en tirer quelques analyses, conclusions ou statistiques concernant la perception ou l'état de notre relation avec les « mondes », on peut et doit se méfier de tout résultat, n'est-ce-pas ?

    Tout ce que l'esprit aura déterminé comme « phénomène existant », tout ce qu'il voudra bien valider le sera dans une grande subjectivité, il est seul à produire ce travail, et ne peut agir qu'en tant que sujet.

     

    Ainsi donc multiple ou unique, il s'agit du mental, c'est le mental qui va décider du changement .

     Est-ce là la réponse à la question de ce matin ?

     

     – Oui, c'est bien le mental qui va décider du changement car nous parlons d'une situation qui est mentale et rien d'autre. C'est bien parce que le mental est le problème qu'il est aussi la solution.

    Le changement de l'être s'organisera dans son échange avec le monde, le corps aussi changera, mais rien ne bougera avant que le mental n'ait accepté et décidé, il est bien le gardien du temple.

    « Voir » est une action rendue possible par l'accord du mental, c'est ce que je connais. On peut donc dire que « voir » est encore une action mentale. Même si cette action est selon ses propres règles une « non-action », c'est lui qui peut observer sans juger, sans raisonner, sans comparer.

    Comme c'est une attitude qui lui semble étrange, il se refuse à pratiquer ainsi. Lorsqu'il aura appris à identifier cette attitude pour ce qu'elle est, lorsqu'il aura accepté qu'elle découle bien de lui seul, qu'il en est le producteur, l'instigateur.

    Et surtout lorsqu'il aura saisi que le fait d'entrer en cette attitude ne le met pas en danger, mais au contraire lui apporte davantage de « connaissances », alors les champs inexplorés de notre beau mental fabriqué à l'image du mental de l'univers s'ouvriront et le monde s'élargira sans doute.

     


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  • Oui, mais qui décide de la forme du changement, quel centre de décision ? …..

     

    Il apparaît que tu as du mal à saisir en ce domaine des « personnages » mentaux que la question concernant le « qui » n'a pas beaucoup de sens pour la raison que le mental n'est seulement dual, mais multiple à l'infini.

    Par conséquent, facile pour lui de créer des sujets fixes ou temporaires, d'endosser toutes sortes de casquettes, de décider un jour ou d'annuler par un autre la décision de l'un, de s'accuser et de faire son propre avocat.

    La personnalité est comme une pelote de laquelle tirer un bout de fil ne sortirait qu'un mètre, et il faudrait recommencer à l'infini avant d'en voir le bout.

     Non, il n'y a pas qu'un seul observateur et un seul objet, l'illusion est subtile, mais un tas de « chacun » que l'on croit regroupés.

     Là est je pense un des résultats magnifique du travail, c'est qu'il ramène à une simplicité de la « personna » par disparition progressive de tous ces personnages que notre esprit a appris à mettre en scène depuis notre toute petite enfance.

    Ainsi, on peut recenser dans la liste de tous ces personnages qui nous composent, même des héros de séries télévisées, ou de romans de jeunesse, voire aussi des individus que l'on admire et que l'on a plus ou moins intégrés à notre personnalité.

     


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  • Peux-tu concevoir qu-il n'y ait rien à quoi adhérer tout est utile dans l'instant.

    Adhérer c'est croire que l'on va garder au frais des vérités d'hier.

    Le monde est neuf à chaque seconde.

    La désespérance, ce sont des pensées qui coincent, qui n'aboutissent pas.

    Les pensées fonctionnent selon un plan logique qui a un point de départ et une arrivée quand ça n'arrive pas ça revient et ça sature.

     


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  • Est-ce de ces souvenirs qui n'en sont pas vraiment, qu'inconsciemment le corps se souvient ?

     

    Oui, mais il serait plus exact que le terme « inconsciemment » ne concerne que l'intellect. Si le corps se souvient-et je le crois-, c'est qu'à sa manière il en a conscience, car la « conscience » sans doute est encore du « souvenir ».

     


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  • Reparlons, s'il te plaît, de la mémoire du corps. Je comprends bien que les corps, comme toute matière garde les traces du passé, il n'y aucune raison pour qu'il échappe à ce processus.

    Mais comment agit cette mémoire ? Elle ne vient pas se dire en pensée, quand même ? Elle n'est pas cause de résidu psychologique ? Elle est intégrée et tranquille, non ?

    Quelle relation y a-t-il entre la mémoire psychique et la mémoire du corps ? Entre le corps et le mental, s'échangent-ils des informations ?

     

    L'observation de nos pensées est un travail intéressant lorsqu'on veille à mettre de la distance avec ce qu'elles racontent et nos ressentiments, nos émotions.

    Les pensées ne sont pas sérieuses, il faut apprendre à ne pas les laisser nous aspirer, nous impliquer dans leurs histoires, elles sont comme les commérages de rues.

    Il y a une « entité mentale » dans notre « appareil » (esprit si tu veux) que je nomme « émetteur », il est comme un personnage qui se tient devant un grand sac dans lequel sont des centaines de papiers sur lesquels sont écrits des messages. Il pioche au hasard un de ces papiers, mais en fait le hasard est limité car remontent en haut du sac les messages récurrents, ceux qui n'ont pas trouvé de traduction satisfaisante, ceux que le corps fait remonter pour besoin de traitement.

    Dans notre sommeil, le phénomène continue dans la forme des rêves, mais il n'y a pas une grande différence entre ce que nous appelons nos « rêves » et nos pensées quotidiennes, si ce n'est le mode fonctionnel de l'esprit.

    Le corps est parcouru de programmes (associations de pensées et souvenirs rendus actifs et se transformant en processus émotionnels indépendants), ces programmes se rencontrent, se heurtent et s'associent en échangeant leurs informations.

    Le résultat est ce qui est écrit sur les papiers qui vont se retrouver dans les « mains » de l'émetteur.

    Celui-ci agit ainsi : il lit le papier sans pouvoir le comprendre mais prend en lui la charge émotionnelle induite par la nature du message, puis il l'envoie comme une balle au « récepteur » qui se tient face à lui en lui demandant de traduire, afin que le message puisse être classé, identifié, évalué et réglé. Tout message définitivement réglé ne se présentera plus en haut du sac, il sera désactivé et mis aux oubliettes avec le temps.

    Une dynamique insensée s'installe entre ces deux entités, elles se prennent à leur jeu, et finissent par perdre leur efficacité.

    Mais, si le « récepteur », en lisant le message qui vient de lui être envoyé, réussit à le traduire correctement, il relativisera et aura une attitude rassurante aux yeux de l'émetteur qui acceptera de considérer la « chose » comme étant de moindre importance.

    Par contre si le récepteur se montre en difficulté, ne sachant que faire de ce message, son « collègue » se laissera gagner par l’inquiétude, s'emparera du message et le remettra là où il l'a trouvé, ainsi le message se représentera dans un délai certainement court.

    Ces phénomènes décrit schématiquement ce qui se passe avec les pensées, quel circuit elles empruntent, quels liens elles ont avec la mémoire du corps qui les garde en lui sous une forme plus abstraite que je peux nommer « engrammes ». Les engrammes sont l'équivalent d'un programme informatique dans leur forme invisible pour les utilisateurs qui ne voient que ce qui s'affiche sur leur écran.

    Ce qui se met en affichage peut être mis en équivalence avec l'affichage de nos pensées. Autrement dit, nos pensées sont une mise en forme perceptible pour le système que l'on appelle « esprit » ou « intellect », mais il existe encore d'autres termes encore.

    Ainsi le corps et l'esprit sont en échange de leurs informations et en incidence l'un avec l'autre.

    Mais les informations ne sont pas dans la même forme, une pensée est pour la tête seulement, lorsqu'elle passe dans le corps elle devient mécanisme physiologique, et inversement.

     


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