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– Être connecté c'est se souvenir, c'est du souvenir constant, donc de l'attention intensifiée, de la présence à toutes les vérités de l'instant et une façon d'occuper l'espace entre les autres corps.
– Se souvenir ? Pour moi, me souvenir, c'est quand me reviennent des souvenirs, que je reconnais comme faisant partie de mon histoire.
– Non, pas seulement. Se souvenir c'est continuer une action, une action très précise.
C'est écouter la voix qui nous parle de l'intérieur et qu'on cesse d'entendre lorsqu'on se laisse occuper par les agitations du moi.
Ce n'est donc pas ressasser de vieilles images, mais activer l'espace disponible à toutes les images, celles de tous les temps.
– Continuer une action... quelque chose de particulier se passe, surgit, dans le train-train... rester attentif, vraiment à cette chose en particulier ?
– Être dans l'attention c'est quoi ?
– C'est s'ouvrir.
– Le souvenir permanent est le maintient de l'ouverture.
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– Il faut que tu me reparles de ces enfants, dans la mémoire du corps ? Quel rôle, quelle place dans le présent ?
– Tout événement, selon son importance dans notre tissu émotionnel, se cristallise dans nos chairs.
Cela veut dire qu'il reste vivant, intact, à moins qu'on ne procède par la suite à son effacement ou sa neutralisation.
Donc, nous pouvons considérer qu'il appartient bien à un « présent », entretenu dans toute sa fraîcheur dans la forme d'une compulsion.
Mais la reconstitution de ces événements est partielle, subjective et intéressée, c'est l'esprit qui choisit en fonction des besoins du moment.
Cette mémoire intellectuelle n'a pas de pouvoir d'action sur la physiologie, sauf bien entendu lorsqu'un schéma prend une importance plus grande dans l'espace émotionnel, lorsque c'est le cas, des pensées, sous la pression de l'émotion se convertissent en processus physique, ainsi elles deviendront actives au niveau des cellules et des gênes.
Elles seront passées de « mémoire image penséelle » à « mémoire codée génétiquement ».
C'est ainsi que des histoires appartenant à la vie de nos parents lointains sont passées dans notre vie, nous endossons par ce moyen une partie de l'histoire de la lignée de nos ancêtres.
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– Mais que veux-tu en clair ?
– Vivre ce qui se passe, en dépassant ce qui est en moi, fait « trouble » je sais que chaque pas nécessite une nouvelle mise au point.
– Non, le trouble ne vient que de ta position de regard par rapport à tout cela, tout ce que tu vis.
– Oui, sûrement, comme un décalage entre cette position de regard et ce qui se passe, oui.
Pouvons-nous être sans position de regard ?
Est-ce ainsi que tu es ?
– Oui, je le suis.
– Je sens ce pas vraiment décisif, mais ce n'est pas l'ego qui peut cela, l'ego ne peut que reproduire un autre regard.
– On peut dire aussi que oui.
Si l'enfant cesse de crier parce qu'il en a assez d'être grondé, dira-t-on que ce sont les gronderies qui le font se calmer, ou dira-t-on qu'un mouvement venu de lui-même a décidé de cesser les cris ?
L'ego décide d'être envahissant et épuisant.
Il décide aussi du contraire, il décide aussi de se taire, de se rendre invisible.
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– Vois-tu cette question, parce que je réalise en t'écoutant que pour moi, encore, l'esprit existe en dehors du corps, et je réalise combien cette vue de l'esprit est fausse.
– L'esprit est une production du corps.
C'est le corps qui fabrique l'esprit pour traverser les obstacles de la vie.
Plus l'esprit est développé, plus l'individu saura survivre parce que le développement de l'esprit signifie intelligence et qu'intelligence signifie : faculté de communiquer et de s'adapter.
Cela nous ramène encore à l'image de la plume, perdre le sentiment de cet isolement, de cette séparation, nous laisse dans une sensation si douce car chaque geste est suscité au loin, a ses effets au loin, chacun de tes mouvements apparaît comme l'animation d'un champ infini, nous ne nous mouvons pas, nous sommes mus.
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– L'esprit se projette et invente des stratégies sans tenir compte de leurs effets sur le corps.
– Alors le corps ne peut pas seul, mais ce n'est pas l'esprit qui peut le guider.
– Oui, le corps peut se réparer lui-même, c'est ce qu'il fait toujours d'ailleurs. Il n'a pas besoin de la « clairvoyance » de l'esprit pour le faire. C'est une machine qui sait produire, et éliminer aussi.
Produire, transformer et éliminer sont ses trois principes fondamentaux.
Il maintient le principe vital.
– Mais la vie demande autre chose non ? Peut-être ne pas avoir à réparer ?
– La vie, c'est un mot large de sens, la vie réorganise, répare ou se défend, mais il y a toujours un moment où elle n'y parvient plus de toute façon, puisque tout ce qui se vit doit disparaître un jour, c'est la transformation encore...
Peur de perdre les repères, quand il faut changer une salle manie, une manie qui fait souffrir pourtant.
Nous nous imaginons que nous ne saurons plus qui nous sommes si nous retirons l'étiquette. Alors que nous ne savons pas du tout qui nous sommes. Nous ne sommes qu'un tas d' étiquettes, un tas de manie.
Avec le temps, les manies sont difficiles à déloger.
– Il y a des choses, en effet, sur lesquelles l'esprit a mis une étiquette : « Chose grave ».
– Non pas des choses, mais toutes les choses.
Elles ont toutes une étiquette et c'est cela changer par le mental, changer les étiquettes et apprendre à ne plus compter sur elles.
– Oui, je te parle là de celles qui ont l'étiquette « grave ».
– Ok.
– Mais tu as raison, une seule solution, retirer toutes les étiquettes.
Ne pas aborder les choses par les pensées acquises au fil du temps.
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