• C’était un jour où je pensais

    Ce que tu fais, par amour fais-le

    Par amour je te regardais

    Par amour je t’écoutais

    Par amour je te devinais

    Tant de choses par amour je voulais faire

    Mais aujourd’hui, par amour

    Tant de choses je ne dois plus faire.

     


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  • Je ne me souviens plus

    Son monde m’est inconnu

    Dans ces instants de silence

    Inconnu mon propre monde aussi

    Il a posé sa question

    L’œil vif, il attend une réponse

    Au sortir d’un sommeil étranger

    Je tourne la tête et regarde

    Un arbre droit et élancé

    Se tenait là, devant moi

    Une racine caressait mon pied.

     


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  • Si je vous vois arriver avec votre manteau noir, je vais dire : « Tiens, voilà l’homme au manteau noir, et si je parviens à voir ce que vous portez dessous, je dirais : « tiens voilà la cravate verte et la chemise bleue ».

    Et si vous êtes tout nu, je dirais : « Tiens voilà la peau de … ». C’est ce que nous faisons pour identifier un cadavre : « Oui, c’est bien mon fils, il avait un grain de beauté là ! ». Nommer, c’est comme identifier, c’est aussi comme définir, c’est encore comme posséder, et surtout hélas comme connaître, mais rien n’est plus faux, nommer n’est pas connaître, nommer ne sert qu’à rédiger des listes. Connaître est un résultat que seul le corps peut atteindre. Si tu fais cette expérience de connaître cette chose qui se tient devant toi, alors tu peux lui donner un nom, mais tais-le ce nom, tais-le de peur que ton enfant croit que c’est l’unique opération nécessaire, retenir le nom de l’arbre ou du champignon. Ne te mets pas entre ton enfant et l’arbre, ne l’incite pas à s’imaginer que l’essentiel de la rencontre doit pouvoir s’écrire sur le papier (il ne pensera pas non plus que ce bout de papier est la chair de l’arbre), si tu le convaincs de cela, il oubliera jusqu’à l’endroit de la rencontre, qui ne peut être qu’en son cœur.

     


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  •  Cet arbre, ce chien, n'ont-ils pas un rôle aussi prépondérant dans ma destinée ? Si je me sens dans un « devoir vivre défini » par rapport à mes enfants, mon épouse, mes frères et sœurs, ne vais-je pas devoir me souvenir, ou prendre conscience que ce chien qui va traverser la rue peut m'envoyer au cimetière et cet arbre sous lequel j'ai placé ma tente s'effondrer sur la famille et les tuer tous ?

    Cette relation dans laquelle je veux mettre plus de conscience va exiger que je regarde autrement cette table, que je la touche avec plus de respect, comme si elle était une parente, un bien-aimé, parce que cette table, comme tout autre objet est lié à tous les instants qui participent à la respiration de mon être.

     


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  • Nous sommes habités par un besoin profond d’éprouver un sentiment de culpabilité, C’est étrange ? Il y a en nous une attente de la punition, comme si nous ne pouvions pas croire en notre innocence, une innocence établie que personne ne cherche à remettre en question. Notre culture Judéo-chrétienne sans doute a inséminé cela dans notre inconscient comme un vaccin, mais contre quelle virus ? Celui de l’innocence, nul ne peut se proclamer sans faute, et même chez le tout petit enfant, nous voulons voir des traces de ces promesses de mauvaises actions : « n’est-il pas déjà agressif, jaloux, coléreux, n’est-ce pas dans ses gènes ? » Celui qui s’est mis en position d'être puni renforce son désir d'être infantilisé, se rendre coupable de quelque « crime » est une façon de prolonger encore un peu son enfance, cette enfance regrettée dans tous les cas, lorsqu’elle fût un chemin de tendresse, accompagnée par des bras affectifs comme lorsqu’elle fût un véritable chemin de croix. Nous ressentons tous, à des degrés différents, de la difficulté à nous sentir toujours comme des adultes, quelque chose s'est passé, ou quelque chose a manqué durant notre enfance qui nous a laissé un grand vide, l'espace laissé vide, du sens de la responsabilité que nos sociétés et nos systèmes ne savent remplir ou plutôt ne permettent pas à nos parents de savoir quoi faire pour le remplir. 

     

    Je ne comprends toujours pas, pourquoi tu dis qu’il fait ça volontairement.

     

    S'asseoir sur la chaise de mamie tout en sachant qu’elle risque de se briser ?

     

    Oui !

     

    Et bien à partir du moment où l'on ne peut ignorer que l'on pratique la mauvaise foi d'une façon courante, nous ne sommes donc pas inconscients, comment penser que cela peut demeurer involontaire ? Il est plus avantageux pour un homme d’être reconnu comme quelqu’un qui faillit, qui peut faillir, qui doit fatalement faillir.

     

    Pourquoi ?

     

    Parce que si je reconnais que j’ai fait une faute, c'est que je suis toujours le petit enfant de ma maman. Le Père Noël m'apportera mes jolis cadeaux et je serai sûrement méritant du paradis. Il est important que je connaisse le repentir pour pouvoir me voir comme le brave petit enfant que je rêve d'être aux yeux de tous. Le système représente une suite logique à l'autorité parentale une fois que je suis admis comme ayant atteint l'âge qui m'accorde le statut de l'homme adulte. D'ailleurs, rappelons que ce ne sont pas nos parents biologiques qui détiennent ce pouvoir et ce droit, c'est bien seulement les lois émises par le « cercle » social et la législation qui définissent à quel moment je dois me considérer comme un individu responsable.

     


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