• Lorsque les mouvements les plus ordinaires, les regards simples et apparemment vides, lorsque les 500 kg de chair et d'os, toute une organisation de matière quoi, se révèlent dans la lumière d'un jour qui ne finira pas, parce que ne finissent jamais les jours où tu t'es réveillé un peu.

    Lorsqu'à cet instant, tout en toi est près de basculer parce qu'une montagne intelligente te perce de lumière, te force à te découvrir à toi-même, car en vérité tu te pensais bien caché et tu l'étais, mais à tes yeux et aux yeux aveugles de tes congénères.

    C'est comme un regard d'ange posé sur ta noirceur, et tu sens une porte qui s'entrouvre sous la force de ses doigts, et tu sens la chaleur te remuer les entrailles, et tu sens un peu ce qu'est la vie, ce qu'est la vérité, tu n'en sens qu'un petit bout, mais un petit bout suffit à lancer un incendie.

    Tu te découvres tellement pauvre devant son regard tellement démuni, tellement insensé, ce qui signifie : privé de sens. Et tu te sens envahi d'une absolue nécessité, tu ne peux plus te permettre d'être idiot, car c'est indécent, oui, tu te sens envahi d'une implacable nécessité, celle de l'humilité.

    Car tu passais devant lui dans ton habit d'arrogance, de supériorité, te disant en dedans : je suis l'homme, il est l'animal, je vais lui apprendre cela.

    Mais non ! Tu ne lui apprendras rien ! Il sait déjà tout de toi ! Il sait que tu n'est pas grand chose, qu'un petit tas de chair en vrac qui fait n'importe quoi, n'importe comment, n'importe quand.

    Lui vit dans un monde « sacré », les étoiles défilent à grande vitesse et il sait les compter. Lorsqu'il tourne sa tête et regarde, c'est bien pour voir et rien d'autre.

    Tu le conduis où tu veux, forçant son pas, t'imposant de ta volonté d'homme, tu le mènes jusqu'à ce passage difficile, ce passage aussi dangereux pour lui que la corde du funambule, et tout s'emballe, tu ne diriges plus rien, tu sens ta mort toute proche, c'est étrange comme dans ces moments-là il est difficile de songer à la mort de l'autre, sentir sa mort toute proche nous sépare encore plus.

     

    Tu lâches tout, comme sous l'effet d'une intelligence sous-terraine, tu t'abandonnes contre tout bon sens, mais en réalité quelque chose sait en toi qu'il n'y a que ça à faire.

    Laisse-lui ta vie, il te la rendra bien.

     


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  • Reconnaissons que ces activités équestres que nous entreprenons depuis des millénaires n'ont pas eu de plus bel effet sur nous que celui de cultiver notre ego de dominateur. Aujourd'hui nous entendons parler d'équitation « au naturel » de dressage et débourrage éthologique, mais ne nous leurrons pas, les termes « équitation » et « naturel » ne sont pas compatibles, « dressage » et éthologique » sont contradictoires et le « débourrage éthologique » est un fantasme.

    Lorsque nous sommes assis sur le cheval, nous trônons, nous régnons sur lui et les outils que nous utilisons sont là pour le rappeler, à lui comme à nous. Seule notre suffisance s'en nourrit et suspectons cette nouvelle mode, cette soi-disant équitation éthologique de vouloir camoufler, habiller de plus beaux habits des coutumes et comportements encore très archaïques. La dimension éthologique d'un rapport possible avec une espèce animale passe inconditionnellement par l'apprentissage de son langage gestuel, émotionnel et l'étude de sa vraie nature, en tant que représentant de son espèce et en tant qu'individu.

    Si nous voulons entrevoir une nouvelle voie s'ouvrir, il faut nécessairement se poser la question suivante : que puis-je offrir en contrepartie à un cheval ?

    Certains chevaux ne seront jamais intéressés par notre offre - si jamais nous avons su trouver la réponse.

     


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  • La peur est-elle une pensée uniquement ?

    Le regret est-il une pensée ?

    La culpabilité semble être une pensée ?

    En quoi la culpabilité peut-elle alourdir la forme humaine ?

    Les animaux regrettent-ils ?

    S'ils ont peur, se sentiraient-ils aussi parfois coupable ?

    Qu'en dit l'ami Ron ?

     

    La peur n'est pas une pensée, elle emprunte bien des formes dans son expression. Mais sans doute qu'elle commence dans cette forme, la pensée.

    Tout ressentiment semble alourdir ce que vous appelez la forme humaine, bien que je ne sois pas sûr que nous parlions du même « objet » avec cette formule.

    Bien que je sois persuadé que le « regret » n'est pas un ressentiment coutumier de nos cousins, je n'affirmerais pas que cela leur est totalement étranger. Le mécanisme mental qui produit le ressentiment appelé « regret » est aisément assimilable.

    Ceux qui ont observé leurs animaux domestiques ont également constaté que par le biais d'une éducation orientée dans ce sens il est possible de leur inculquer des « valeurs morales « , un sens du « bien » et du « mal » (le bien leur apportant la récompense, le mal la punition). Lorsqu'un animal domestique, se souvient qu'il a agi de façon qui déplaît fortement à son « maître », il en a des regrets.

    Assimiler une pensée « regret » à une pensée « culpabilité » je ne le ferai pas.

    Cependant, si la culpabilité est certainement inexistante dans le mental des « animaux » - (je mets des guillemets à animaux pour rappeler que nous en sommes aussi)-, tout comme le « regret » qui doit être aussi rare,, je crois que tous ces comportements sont effectivement communicables.

     


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  • A mon maître « nuage blanc », un jour d'éveil.

    La terre tremble sous moi

    Et fait vibrer mes os

    Comme les cordes d'une harpe

     

    Un nuage blanc martèle le sol dans son vol

    Et mon âme suit la danse de ses sabots

    Trois hirondelles nagent dans l'azur

    Sa méduse crinière capture le silence

     

    Il vient vers moi et me dévisage

    J'ouvre mes mains en offrande à ses naseaux

    Je sens mon identité odoriférante

    Passer dans son sang jusqu'au cœur

     

    Il m'appelle et me défie de savoir qui je suis ...

     


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  • Ce matin je me suis assis entre deux arbres... J'ai déplacé mon regard de gauche à droite et il m'apparut évident que même en restant là des jours, des mois, des années, devant un paysage figé comme dans un musée, je ne saurais faire l'inventaire de toutes ces choses autour de moi.

    Et pourtant, pourtant... ces fleurs et insectes, ces nuages et gouttes d'eau, ces brins d'herbes et grains de terre, ces plantes et arbustes, ces milliards de vie et la mienne, m'ont semblé comme un papier peint collé sur un mur, ce mur s'étalait à l'infini plongeant ses racines dans mon esprit sans doute.

    Il y avait une porte, puis une autre porte encore, en fait le mur était un assemblage de portes, toutes avaient leur poignée et leur trou de serrure et point de clé.

     

    Un hennissement me réveilla de ma torpeur, et je vis un cheval blanc galoper vers moi, lorsqu'il passa tout près de l'endroit où je me tenais il poussa à nouveau son cri de défi, et je compris ce qu'il me dit :

    Je suis le porteur de clés !!!! Le monde est au-delà !!!!

     


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