• Quel âge avait-il (2)

    Tant d’heures passées à contempler la terre, les pierres ou les petites bêtes livrées à leurs  occupations. Ces insectes, qui dans leurs courses incessantes menaient leurs chasses, faisaient leurs commissions, construisaient leurs demeures. C’est ainsi sans doute que se dessinèrent les premières lignes d’une portée où les notes d’une symphonie naturelle n’étaient audibles que par lui. Tout son corps, dans ces moments là était une oreille. Le chant de la terre, il l’entendait dans son esprit bien sûr, mais aussi dans sa chair, dans ses organes, la mélodie courait dans ses artères et traversait l’épaisseur de ses os et s’endormait dans la moelle. Pendant qu’il écoutait le « chant », les « autres », ceux qui vivaient autour de lui, qui traversaient la cour, venaient rendre visite à ses parents, déambulaient dans la rue derrière le grand mur blanc, enfin tout ce qui produit le tumulte de la vie d’une maison, d’un village et d’une cité, les autres, ils n’existaient plus. Il ne les entendait pas. Une fois sa mère voulut lui parler, le sortir de ce silence particulier et mystérieux, elle lui dit « mais qu’est-ce que tu fais mon petit, à quoi t’amuses-tu donc ? », il lui répondit sans détourner son regard, avec un ton ordinaire, comme un enfant qui dirait tout simplement « mais tu vois bien maman, je joue avec ma voiture ! », il lui répondit « je parle avec ma mère… ». Et sa maman resta bouche bée, pas rassurée du tout, pensant en elle-même « mais qu’est-ce qu’il est bizarre mon enfant ! ».

     


    Tags Tags : , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :