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Du mental (6)
– Aller vers soi et l'accomplissement de sa volonté.
Vivre comme respirer.
Cesser de questionner à tous vents.
Se taire, c'est observer.
Respirer comme si l'air était précieux, et certainement il l'est.
Parler avec sa langue aiguisée comme un couteau pointé vers soi.
– C'est ton dernier message. Es-tu disponible pour en parler ?
Trop de question dis-tu. Il est vrai que toi, tu n'en poses jamais. C'est un fait.
– Oui, je vais essayer de répondre.
Trop de questions oui, je n'en pose jamais, ni ici, ni ailleurs ni dans mon esprit, parce que j'ai saisi un jour qu'elles étaient un manque de sincérité envers moi-même, bruits jetés par-dessus notre clarté intérieure. Pourquoi ? Peut-être sommes-nous simplement programmés pour agir de la sorte.
Bien entendu, je n'accuse pas ici qui que ce soit de « mentir », ni même de le faire sans conscience, j'accuserais peut-être un système, un « ordre », un état de fait, mais pas une personne.
Aussi, depuis une quinzaine d'années que je ne ma pose plus de questions, je vois mieux celles des autres, elles ressemblent à la queue de ce chien qui désespère de la saisir.
– Que veux-tu dire lorsque tu dis : « Parler avec sa langue aiguisée comme un couteau pointé vers soi » ?
– Si chacun de nous pesait bien chaque mot, comme si sa vie ne dépendait, alors chaque pensée prendrait sa juste place, chaque geste au centre de son sens.
Il en un fait (pour moi en tout cas) que nos sociétés ne sont bâties que sur des montagnes d'incohérences ont un prix, et que nous payons ce prix de notre sang chaque mot prononcé en trop.
Voilà pour moi, le signe du chemin retrouvé.
– L'impression est très forte, plus rien ne pourra jamais être pareil, maintenant que cela a été dit. L'austérité est entrée dans la maison.
Mais quoi, pourrait-on être autre chose que ce que l'on est ?
De sentir cette force s'imprimer là, si différente de celle qui m'habite, il me semble que nous ne sommes pas animés par la même énergie.
Plus exactement qu'une seule et même énergie prenne des colorations différentes, et que chacune doit pouvoir éclore.
– Ahhh, ne prends pas pour austérité ce qui est intensité.
Tu demandes : Mais quoi, pourrait-on être autre chose que ce que l'on est.
Mais ignorerais-tu que ce que nous jugeons de nous comme du reste n'est qu'une idée sur l'apparence, et que nul ne saura jamais ce qu'il est, jamais ! Même si l'on pouvait nourrir l'espoir de se voir dans notre totalité, ce serait l'instant d'un éclair, et quoi ? Croire que dans la lumière de l'éclair, toute la sagesse de l'orage est montrée ?
Se voir, se connaître, savoir ce que nous sommes, tout cela n'est qu'ineptie de philosophe et de poète en mal de sens.
Tu parles aussi d'énergie... l'énergie des uns, l'énergie des autres ; mais il ne s'agit pas de cela pour moi, je vois agitation où tu vois énergie, agitation de mots, agitation d'émotions, de pensées, tant d'agitation dressées là comme un mur de brouillard sur nos évidences profondes.
Nous marchons dans le désert en effaçant nos traces, tel ce fugitif qui a peur de ses poursuivants. Mais il n'y a que nous derrière nous-mêmes, et il serait temps de cesser de les effacer ces traces.
Pour le moment tu as besoin de ces mots, alors parle, parle je t'en prie. Parce qu'ils t'aident à regarder au fond de ton puits, parle.
Mais je dis moi que ton reflet n'est pas utile, tu es la source, tu n'es pas dans ce puits.
Tu es la source. Sache-le !
Tags : energie, questions, intensité, silence
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