• Peux-tu me reparler du niveau de conscience dans lequel se trouve ce silence que tu rejoins dès que tu le peux ?

     

    Aujourd'hui ce silence me rejoint dès que je ne lui oppose pas de résistance. Mais ce ne fut pas toujours ainsi, je devais développer de l'énergie pour stopper mes pensées, les réduire plus précisément, c'est presque le contraire maintenant. Le processus est donc naturel, spontané.

    Je me refusais d'être distrait, je voulais tout attraper au vol, ainsi, j'ai vite compris que la solution était dans la concentration, le temps de l'attention que j'allais accorder à chaque objet qui volait vers moi. Ce temps devait être intense mais aussi court que celui de la vie d'une étincelle. Ceux qui allaient trop vite, et que je sentais ne pas pouvoir saisir je devais les lâcher des yeux et de l'esprit au plus vite, sinon les échecs allaient se choquer les uns après les autres comme le voitures dans un carambolage.

    A force de répéter ce mouvement alterné « d'attention » et de « lâcher prise », mouvement que j'appliquais en continuité jusque dans mon sommeil, le processus de la pensée s'est inversé. Je pensais trop, énormément, et maintenant penser me demande un effort certain, remonter un simple souvenir est une action difficile. Cette attitude ne représente pas en elle-même un état de conscience, mais elle rend plus accessible tous les états de conscience.

    Le silence est disponibilité au vivant et donc à l'expérience.

     


    votre commentaire
  • Quand brusquement une part de « moi » redevient vivante, alors même que je l'avais oubliée, est-ce aussi un autre niveau de conscience ?

     

    Oui, mais les pensées se rajoutent par-dessus ta perception dans un processus difficile à stopper, « stopper le monde » des pensées est une grande œuvre, un art.

    C'est « stopper le monde » que l'on fabrique par nos automatismes pour laisser grandir dans les sensations les échos de notre « connaissance silencieuse », échos vivant et endormis qui s'alignent selon notre vacuité au spectacle de la vie. Le vivant s'adresse au vivant qui nous habite lorsque la pensée ne lui fait pas obstacle.

     

    Quand des sensations très fortes me traversent le corps, sans qu'aucune pensée ne se manifeste, s'agit-il d'émotion ?

     

    Il y a deux origines aux sensations.

    Les sensations sont ordonnées par la rencontre de notre vie interne avec la vie qui s'exprime tout autour. Mais nos pensées ont le moyen de synthétiser des tas d'émotions différentes, par conséquent ces émotions sont capables de générer elles aussi des sensations. Donc, la sensation est une validation de ces deux processus, il reste à savoir identifier ce qui les a générées, les pensées ou la « connaissance ».

     


    votre commentaire
  • Dis-moi, lorsque le corps retrouve la perception, dans toutes ses sensations, cela se peut-il que l'esprit s'égare ?

     

    L'esprit s'égare souvent tu sais. Et je ne saisis pas tout le sens de ta question. « Lorsque le corps retrouve la perception, dans toutes ses sensations » Que veux-tu dire ?

     

    Je veux dire que lorsqu'on vit coupé du monde, quand on est dans cet état moribond, les sensations, on les cherche, mais il y en a fort peu. On fait tout un cirque pour se sentir vivre.

    Oui.

    Donc quand cela redevient vivant en soi. C'est quelque chose ! Cela m'a troublée, c'était difficile de vivre ça simplement, d'où ma question : peut-on dans ce réveil, s'égarer ?

     

    - Moins sans doute mais dès qu'on cogite, on s'éloigne.

     

    Oui, mais je crois que ça cogite aussi au niveau de l'inconscient, ou encore ça rentre en écho avec des informations à ce niveau-là ?

     

    Oui.

     


    votre commentaire
  • Comme s'il devenait possible de quitter sa peau de misère, de sentir ce lien.

    Comme si corps/esprit était ce lien entre toutes choses, l'ami, ceux qui nous ont été confiés par le jeu des rencontres ne fût-ce qu'un instant, et encore les autres, et les animaux, et la nature, et la terre toute entière,et cet univers qui brille dans la nuit.

    Le lien ? Mais alors nous sommes tous liens, l'essence de ce qui maintient le visible et l'invisible. Et par le jeu du mental, des habitudes et pensées récurrentes, « je » me coupe de cette vérité ?

    Cela a-t-il un sens pour toi ? Toi, le tisserand des liens de l'amitié ?

     

    Bien que je ne sois pas toujours dans la conscience de ce lien qui ne doit se vouloir autrement que dans une permanence absolue, je sais qu'il est.

    Et lorsque je l'oublie il se ressouvient à moi dans toutes sortes d'occasion. Je ne le vois pas toujours, je le comprends encore moins souvent, mais une évidence dans ce monde et cette vie se fait voir, que tout est conséquence et cause de ce que je veux, de ce que je fais, de ce que je vois, etc. Que tout ce qui respire ou non est de moi et que je suis cela. Aucun de mes gestes ne peut m'appartenir en propre, chacun est œuvre commune, chacun en est touché et chacun me touche.

    L'image qui se présente toujours, est celle des plantes qui se parlent et s'échangent par les feuilles et les racines. Ces arbres sont tous noués entre eux, comme mille brins de la corde qui remonte le seau du fond du puits, liés parce que noués ensembles.

    Nous sommes les fibres d'un tissu qui se tisse et se retisse depuis l'incommensurable distance, l'incommensurable espace où les mots "commencement" et "fin" n'ont aucun sens, parce que tout commence et finit à chaque instant, tout se fait d'éternité.

     


    votre commentaire
  • J'ai touché l'autre soir …

    Avec le dessous de ma peau,

    Avec le verso de ma pensée,

    Ce que ressentait cette bulle d'air

    Qui remontait à la surface de l'eau

    Comme pour prendre une nouvelle respiration.

     

    Cette fleur s'attardant devant une lumière

    Qui l'invite à éclore comme on invite à danser

    Je vois ses pétales épais et jaune d'or

    Se contracter sur son cœur et se refuser

    A naître, comme une timidité.

     

    Se refuser au monde, sortir de dos,

    Sortir avec le geste d'entrer

    Comme pour inviter le monde

    A grimper sur ses reins,

    Échapper à la vision d'horizons sanguins.

     

     


    votre commentaire