• - As-tu des choses à me dire ?

     

    - Non.

     

    - Alors c'est que tu es dans le silence.

     

    - Oui, tout simplement. Tu peux m'en faire sortir si tu veux.

     

    - Non, pourquoi t'en faire sortir ? Juste trouver la juste attitude pour que tu puisses exprimer quelque chose de là où tu es.

    Lorsqu'on observe le microcosme, lorsqu'on va au plus loin du possible de cette observation, je ne parle pas de conscience là mais bien d'observation (ce sont les scientifiques qui font ça, pour nous seulement ce qu'ils en disent), on arrive à un point qui est le même que lorsqu'on observe le macrocosme, n'est-ce-pas ?

     

    Non.

     

    Ah ?

     

    Le monde a deux facettes, comme nous avons deux cerveaux, les règles, principes, ou lois physiques n'ont pas du tout les mêmes plans, ni les mêmes résultats.

    Dans le monde des formes grossières, les lois sont « facilement énonçables », comme « facilement éprouvables ». Ce sont les lois plus ou moins connues, qui restent valables, et fidèles aux observations qui les ont découvertes. Elles sont stables, vérifiables ici ou là, par telle ou telle autre personne.

    Selon ces lois, on peut dire qu'un objet a telle masse et prévoir sa trajectoire dans l'espace, si les paramètres nécessaires sont pris en compte. Un objet est blanc, ou bleu, ou vert, etc.

    Dans le microcosme, les lois n'ont pas de stabilité. Elles sont si variables qu'elles ne peuvent être retenues comme telles, c'est le monde de la mécanique Quantique.

     

    Un aspect du monde correspond à un aspect de notre cerveau, où les choses sont définissables. L'autre aspect de monde correspond à notre cerveau paradoxale, où il est impossible de définir le réel, un objet est blanc et noir en même temps, ainsi que bleu et vert, et jaune, etc.

    Sur le plan de la physique classique un ballon de basket rebondi sur le sol, et la seule réalité pour mes sens est que je ne dois pas le quitter des yeux si je désire m'en saisir. Le ballon n'est donc qu'à un seul endroit à la fois, et tous les autres effets de sa présence, de son déplacement ou de ses rebonds ne sont pas présents dans ma conscience, donc exclus du monde réel, réel pour moi. En fait le ballon est à des milliers d'endroits à la fois, il y a des milliers de ballons et les ondes produites par ses milliers de rebonds ont des effets tout aussi réels. Mais ces aspects de la réalité n'appartenant pas à mon cerveau rationnel sont non-considérés.

     

    Peut-être me suis-je mal exprimée, peut-être aussi que malgré ça tu réponds à ma question. En parlant de macrocosme je voulais parler de cette observation de la formation de l'univers avec ce point théorique « zéro » où rien n'est définissable. Et je faisais le constat que dans les deux dimensions, l’observation arrive à ce point où rien n'est définissable.

     

    Non, tout est définissable dans le monde « réel » parce que justement ce qui fait le monde réel est la définition.

    L'autre monde est insaisissable, parce qu'il n'est que le produit de la définition.

     

    Alors nous pourrons dire que le mondé réel naît de l'observation faite par un observateur.

     

    Oui.

     

    La conscience étant l'autre moyen d'entrer en contact avec le monde et là rien n'est définissable ?

     

    Non la conscience entre en contact (c'est une façon de parler car la conscience ne peut pas entrer en contact) avec l'autre monde, pour l'adapter à ses besoins de définir.

     

    Lorsque je parle de conscience, je parle de l'état de silence.

     

    La conscience n'est pas silencieuse comme tu le crois, elle est en effet moins bruyante que la pensée ordinaire, mais elle est encore de la pensée, et il demeure toujours trop de bruits en elle, même lorsqu'il s'agit d'états particulièrement élevés.

    Dans le monde de l'autre côté, c'est aussi le monde de l'autre coté de la conscience, on ne peut y entrer avec la conscience, car c'est le monde du « non-faire », donc de la non-pensée, du non-vouloir, du non-conscient.

     

    Aucun acte délibéré ne peut toucher cela, mais il arrive que ?

     

    Non, c'est ton esprit rationnel qui pense qu'il est le sujet qui fait, qui touche, qui approche, qui voit, etc.

    L'esprit et tout ce qui est dedans ne font aucun pas vers l'inconnaissable, c'est l'inconnaissable qui s'empare.

     

    Qui s'en empare lorsque le niveau de bruit a baissé ?

     

    Oui, puisque la tension interne s'abaisse, donc la résistance aussi.

     

    Nous savons que nos activités de pensées ordinaires n'utilisent qu'un part infime des capacités du cerveau, est-ce à dire que lorsque « l'inconnaissable » s'exprime de nouvelles connexions se font ?

     

    Oui.

     

    Dans le cerveau ?

     

    Oui.

     

    Et alors de nouvelles possibilités de « définitions » du monde plus larges ? Non pour la définition en tant que telle mais en concomitance avec d'autres comportements plus adéquates ?

     

    Oui aussi. C'est à l'infini que le cerveau peut produire des définitions à partir de ses connexions avec l'inconnaissable. Et ainsi, engendre des nouvelles formes de monde connaissable. Lorsqu'il observe cela d'un point de vue reculé, il appelle ce qu'il voit « nouvelles lois », « nouvelles découvertes », ou alors « nouveau changement du monde », de là, il en déduit qu'il y a « évolution ». Alors que la totalité du monde ne change en rien, il est et a toujours été ce qu'il est. Aucune différence entre un petit point bien condensé, et le même point en expansion. Il n'y a condensation ou expansion, les deux sont dans le même temps, dans le même lieu. C'est notre esprit qui les sépare. La raison est faite pour cela et bien faite.

     

    Le mouvement de la pensée, est-il observable entre ces deux points ?

     

    Il n'y a pas deux points. Observateur et observations sont une unique chose.

     

    Oui, une chose unique, mais on peut observer comme un mouvement... Encore du domaine de l'illusion, c'est ça ?

     

    Oui.

     

    Le cerveau est déjà dans la cellule, je veux dire les « fonctions » ?

     

    Oui, absolument.

     

    Dans notre cerveau, un plus grand nombre de connexions possibles ?

     

    Oui, certainement, si l'on se base sur son potentiel imaginatif.

     

    J'allais dire comme l'expansion de l'univers, mais je pense que dire cela est une erreur, c'est encore confondre la définition et l'inconnaissable.

     

    (Sourire), non pas comme l'univers. La matière est stable en quantité, rien de plus, rien de moins. Le cerveau lui est un organe définissable et pesable. Sa quantité et sa masse peuvent augmenter ou diminuer, comme celle de n'importe quel autre organe.

     

    Lorsque le cerveau, le mien, travaille ainsi avec le tien, que se passe-t-il ?

     

    Nous « partageons » (Rires), ce qui signifie que nous multiplions des champs de connexions. J'adopte certains plans qui t'appartiennent, et tu fais de même.

     

    Oui, et cela se fait par nos « différences » de compétence, dans un mouvement d'ouverture à l'autre ?

     

    Oui et lorsque je dis ces mots de nouvelles connexions se créent immédiatement. Plus les mots sont bien ciselés, et plus les connexions sont propres et productives.

     


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  • Ce n'est pas facile de parler de l'espace car la raison s'en empare aussitôt et tu aimerais savoir si l'espace est indépendant de ces forces, s'il est un en lui-même.

     

    Non, il en est dépendant, pour moi, il résulte du temps en tant qu'énergie.

    Peut-être...

     

    Peut-être, une autre façon de voir, un autre plan pour une même chose.

     

    Méfions-nous, parler de l'espace est un piège pour l'esprit.

      

    Pourquoi un piège ?

     

    Parce qu'il faut utiliser des concepts et que l'espace dépasse tous les concepts.

     

    Mais la vie, le temps, l'énergie aussi.

     

    Non, la vie est mouvement, elle se perçoit. Le temps est une force, il se vit et se ressent.

    Mais l'espace aussi se perçoit dans le déplacement.

     

    Non, tu confonds la place et l'espace. Dans une salle de danse, il y a de la place, et de l'espace.

    La place est un concept, l'homme peut la produire, il lui suffit de construire quatre murs et il crée la place entre ces quatre murs, puis il peut remplir de meubles la place et la faire diminuer. Plus il met d'objets dans la place qui est entre les quatre murs, plus il diminue la place. Mais il ne voit pas l'espace, ni il le produit, ni il ne peut le diminuer, ni le faire accroître.

     

    Et la vie, tu dis que c'est un concept !

    Non, j'ai dit qu'elle pouvait être conceptualisées parce qu'on la voit, on ne voit pas l'espace. Mais le concept n'est pas la chose, juste une représentation.

     

    Bien sûr, mais une représentation qui a son utilité puisque c'est la forme qu'elle prend dans notre raison.

     

    Oui, si nous voyons bien que cela n'est pas la réalité.

     

    Mais pourquoi ne pouvons-nous pas faire la même chose avec l'espace ?

    –  Je te l'ai dit l'espace ne passe pas par les sens qui sont les outils de la raison.

     Il ne passe que par l'infiniment petit de nos cellules.

     


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  • Tous les temps... tu m'en as souvent parlés. Cela reste un mystère, et pourtant je dis « Oui, je sais, cela ». Tous les temps, comme en l’arc-en-ciel, aussi les strates de la terre...

     

    Quand tu sens le vent, tu ne sens pas qu'un vent, un vent unique avec ses particularités, tu sens toute une quantité de vents dans le même instant.

    Mais ton esprit n'est pas capable de les distinguer.

    Alors tantôt il pense : qu'il est fort ce vent, ou qu'il est doux, ou qu'il est irrégulier, ou qu'il est entêtant, bruyant, etc.

    Mille facettes du même vent que ton esprit rangera sur une même ligne parce qu'il ne peut que les traiter séparément.

     

    Ah, mais le vent est une image ? Parce que le vent violent n'a pas le même effet que la nature que celui qui est léger.

     

    Les effets sont tous là dans le même temps, mais nous choisissons de retenir ceux qui nous arrangent.

    Mais il y a un consensus parce que nous sentons tous le même.

     

    Non, c'est faux.

    Je veux dire que tous parlent et voient le cyclone.

     

    Pas plus que l'eau n'a le même goût pour chacun de nous.

    Non, le cyclone, tous en retiendront de que l'esprit collectif a choisi de retenir. Le consensus n'est rien d'autre qu'un arrangement qui exclut le reste.

     

    Un seul fait, et des multitudes de perceptions ?

     

    Non, des multitudes de faits également.

    Ceux que la multitude d'esprits se bornera à qualifier de réels et les autres que le consensus général écartera.

     


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  • Tout le monde émet et reçoit ?

     

    Si ce n'était pas le cas, toutes ces générations qui ont participé à construire de monde aussi creux et dangereux d'incohérence n'y seraient pas parvenues.

     

    Oui, donc la déformation va aussi loin que ça ?

    Évidemment ! Tout le dit.

     

    Mais n'oublie pas que toute déformation, tout travers, toute déviance ou anomalie que nous pouvons constater et souvent regretter, ne sont rendues possible que par « l'intention du monde ».

     

    Mais l'intention du monde est aussi qu'autre chose se fasse, non ?

     

    Oui, mais rien d'autre que sa « volonté » (intention) ne se fera.

     

    Mais, on ne peut pas dire que l'intention du monde soit ce monde incohérent ?

     

    (Sourires), ce monde incohérent qui semble voguer comme un bateau ivre n'est pas une finalité. Ce doit être un passage obligé vers une île meilleure...

     

    Obligé comme le sont nos erreurs, nos résistances, mais qu'on pourrait faire autrement ? Obligé parce que cela est ?

    Quand je suis venue vers toi, après des moments de crise et je t'ai posé quelque fous la question et tu m'as répondu, « oui, on peut toujours faire autrement, mais c'était utile »...

    Pour ce monde, résultat de nos échanges, c'est donc pareil ?

     

    Oui, toutes nos erreurs sont le fruit de nos faiblesses, et si nos faiblesses ne produisaient pas ces erreurs, il n'y aurait pas de changement.

    Nous ne pourrions pas « comprendre ».

     

    Je suis d'accord, l'intention n'est pas ce monde-là, et nous devons voir et changer.

     

    Oui.

     

    Donc l'intention du monde entre en contact avec toutes ces intentions peu profondes et brouillonnes, mais il ne peut d'un coup de baguette changer tout ça. Cela veut dire que l'humain a un rôle « important » qu'il ignore.

     

    Je crois que son rôle n'est pas plus important que ceux des autres espèces.

     

    Les autres espèces semblent ne pas être perturbatrices.

     

    Oui tu as raison dans ce sens-là, mais je crois pas réellement à cet aspect destructeur et négatif. Cela est ressenti ainsi par nous qui ne pouvons connaître la portée de tout ce qui est en mouvement.

     

    Oui, tu as raison, je ne suis pas en mesure de connaître ce qui en résulte pour l’humanité tout entière. Je vois ce qui ne va pas et c'est bien, cela me booste à changer.

    Peut-on prolonger cette réflexion, en se demandant pourquoi nous ne parvenons pas à être suffisamment marqués par ces instants de lucidité en un changement profond ?

    Pourquoi certains n'y accèdent pas du tout ?

     

    Parce que l'amnésie est un processus inhérent de la vie, elle veut que nous oubliions, que nos blessures cicatrisent et que nous n'en soyons pas traumatisés longtemps.

    Il en est ainsi de notre conscience, elle est éphémère, mais son temps de vie n'est pas trop court pour nos cellules, elles savent l'utiliser. Pendant ce « temps  de conscience » ce qui a été perçu va se cristalliser sous la forme des émotions. Et de forme en forme se construit un message qui a un sens pour les petites parties actives de nos êtres, qui se grave dans nos gênes. Le reste n'intéresse que l'ego.

     


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  • Conscience n'est pas connaissance, dans le sens de « savoirs », que dirais-tu sur la conscience qui n'est ni une chose, ni un état ?

    Accepterais-tu comme synonyme : clarté, silence, intelligence, totalité, unité ?

     

    La conscience est comme une lumière qui peut transformer toute zone sombre en espace éclairé, juste un faisceau de lampe qui se déplace ou reste immobile.

    Nous sommes dans une grande pièce presque toute entière plongée dans le noir, juste une petite place reçoit un peu de lumière diffuse, nous apprenons peu à peu à nous contenter de cet espace que nous considérons comme notre monde connu.

    En général nous traversons toute la vie en restant ignorants de notre pouvoir d'élargir le faisceau de la lumière, ainsi toute la maison reste invisitée, hostile, nous ne saurons pas l'habiter. Son obscurité nous tiendra au dehors et nous interdira les titres de propriétés.

     

    Cette maison est notre personne, n'est-ce-pas ?

    Tu parles, donc, de connaissance de soi, dans l'instant...

    La relation participe de cette connaissance, comme un miroir, qui nous révèle, sans jugement, ni justification.

    Au fond la seul chose qui soit importante est que la relation se poursuive, que nos foutues personnes ne parviennent pas à en faire un champ de bataille, ni un désert. Bien sûr, elles parviennent à cela !

     

    Suffit de cesser l'absurdité, et une goutte jaillit du désert, et le silence sur le champ des morts.

    La seule chose qui compte est d'être là, en simplicité, en respect, en justesse, en économie de l'autre, sans attendre ni réclamer, car trois mots suffisent dans tous les cas pour se dire ce qui tient en trois mots.

    Les choses essentielles, vraies, pures, justes, sans suffisance, toutes ces choses belles et importantes ne tiennent que dans trois mots. Jamais les mêmes sans doute, mais trois mots.

     

    Tu sais, la feuille rencontre le vent et le vent parle à la feuille, la caresse, l'emporte, la dépose ailleurs.

    Et bien tout s'est fait, mais, je n'en ai rien ramené, je n'étais pas là.

     

    Et ?

     

    Je suis bien, paisible, pleine d'énergie. Il est donc vrai que là où il se passe quelque chose, on n'y est pas avec la tête ?

     

    Oui, l'esprit est très lent.

     

    Ce n'est pas la première fois que cela arrive, souvent maintenant. Mais je ne pouvais pas reconnaître en cela des moments de … je ne sais pas comment nommer la chose, parce que je n'en sais rien.

    Juste qu'après tout est beau et paisible.

     

    De conscience accrue...

     

    Accrue ? Mais ça, je ne sais pas.

    Je ne dors pas, c'est sûr.

    Pas grave, vivre ce qui se présente...

    Toi tu es présent à ces moments de conscience accrue ?

     

    Je suis attentif au-delà de ce que les humains le sont habituellement. Ce qui suffit à me faire apparaître le monde légèrement différent.

    Ce qui suffit aussi à me trouver dans des moments plus rares et moins intenses.

    Ce qui suffit à me faire accepter un certain nombre de choses.

    Ce qui suffit à trouver tout extraordinaire pourtant.

    L'esprit est lent, ce qui produit un décalage.

    L'attention réduit ce décalage, mais il y aura toujours un décalage.

     


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