• Je voudrais te demander un conseil, ton avis.

    Qu'est ce qui nous consolide, qu'est ce qui dans nos vies nous renforce, quel genre de choses méritent d'être défendues, ou quels objectifs méritent d'être poursuivis pour nous rendre plus forts ?

     

    Pour moi, ça a été de prendre conscience que toute chose dans le monde avait un sens, une place, de savoir que le hasard n'existait pas, cela a déterminé ma démarche, je n'aurai pas accepté de vivre dans un monde incohérent.

     

    Tu vois ce que tu m'as dit hier sur la cohérence était très juste... Mais je ne suis pas sûr d'avoir le courage de donner de la logique dans ce monde sans logique, c'est très révélateur pour moi ce que tu me dis, je m'aperçois que je n'ai jamais accepté de vivre dans un monde illogique...

     

    Oui mais je n'ai pas dit que ce monde était illogique, j'ai dit qu'il fallait comprendre qu'il le semblait parfois...

    En ce moment je fais un chantier pour un vieux, il a la maladie de Parkinson, c'est un boulot pénible, et il s'affirme en faisant mine de participer, mais sa vie n'a jamais rien eu de personnel, il n'est que ce que sa supériorité financière lui a permis d'imposer aux autres, et il saccage systématiquement mon travail en massacrant les enduits.

    Le respect que j'ai pour moi-même et mon travail voudrait que je lui dise qu'il n'est bon à rien ?

     

    Peut-être pas dans ces termes mais sans doute lui dire quelque chose qui ressemble à ça oui... mais il y a tellement d'autres possibles.

     

    Oui, c'est vrai, mon anecdote n'a pas beaucoup d'intérêt, je m'y suis embarqué trop vite...

     

    (Sourires), on peut lire plusieurs sens dans ce message, mais on ne lit que celui qui saute aux yeux au moment où l'on se trouve devant...

    Oui c'est ça... Peut-être que ce que tu as vu, c'est un message qui te ramène à ta sensibilité, ce vieux avec sa maladie il saccage au lieu de respecter, finalement c'est ce que tout le monde fait.

    Ils ont saccagé mon enfance, saccagé mes attentes, saccagé mes élans et mon énergie.

    Ils ont saccagé la nature, saccagé mon pouvoir de relation et de communication avec autrui, saccagé ma foi d'enfant ...

     

    Oui c'est ça !

     

    Et ils continuent à saccager mon travail...

     

    Sommes-nous pareils Ron ?

     

    (Rires)... Là je parlais pour toi, mais nous sommes pareils en effet sur ce point en tout cas.

     

     


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  • Il y a vraiment des choses importantes qui nous font marcher du même pas, le sais-tu ?

     

    Oui... La souffrance réunit les hommes comme elle réunit les individus des autres espèces. Pour la vie, elle est un signal qui doit être émis et reçu, donc partagé. La douleur d'un individu ne doit pas rester ignorée des autres, si non il y aurait un grand danger pour l'espèce, et la vie dans le sens se séparerait d'elle-même.

    Il nous faut la voir, parce que c'est la nature qui se montre à travers elle.

    Il nous faut l'entendre, parce que c'est un message du monde à notre vie et à celle de nos enfants. Il nous faut la comprendre, parce que c'est la démarche qui délivre.

    Il nous faut la résoudre, parce que c'est notre devoir d'êtres vivants, résoudre les énigmes afin d'aplanir le chemin pour ceux qui nous suivent.

     

    Dis-moi de quoi tu souffres et je te dirai de quoi tu peux guérir.

    Dis-moi où tu veux aller, et je te dirai où tu peux t'arrêter.

    Dis-moi ce que tu veux me dire, et je te dirai comment te taire.

    Dis-moi ce que tu aimes, et je te dirai comment t'oublier.

    Dis-moi ce que tu crains et je te raconterai la peur de ne plus connaître la peur.

    Dis-moi sur quelle musique tu veux danser, et je te montrerai le sourire de l'enfant.

    Dis-moi sur quoi tu veux pleurer, et je pleurerai peut-être pour toi.

     


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  • - Pourquoi dis-tu que tu es heureux de tout ? Tout va-t-il si bien ?

     

    - Par pudeur sans doute, ou par je-ne-sais-quoi d'autre, je dis que je suis heureux, mais ça n'a pas de sens. On peut être heureux un instant et de n'importe quoi, et l'instant d'après se souvenir de ces enfants qui meurent le ventre rond mais vide, sous le soleil, les yeux remplis de lassitude sans espoir.

    Je suis heureux pleinement oui, le temps d'une seconde, je trouve la vie magnifique, mais la mort aussi. Cette idée de permanence dans l'état de bonheur me semble invraisemblable si l'on ne s'est pas décidé une fois pour toute que rien d'autre ne compte, rien n'a d'importance, sinon cette idée-là. Et pourtant moi qui te parle, j'ai fait cette expérience, je l'ai faite oui. C'est ainsi que je sais que je suis capable d'être un homme insensible, de me fermer aux autres, de ne plus les voir, les entendre. Je suis capable aussi de me fermer à ma chair, de ne pas la sentir souffrir, de passer en dessous du froid et du chaud. Je suis capable de la plus grande solitude, de l'indifférence absolue. Je le sais parce que je l'ai fait, je m'y suis trouvé, parlant avec la mort du temps qu'il fait, l'invitant à jouer aux cartes, blaguant avec elle. Mais je ne veux pas de cela pour moi. Vois-tu cette grande souffrance qui peut nous mener dans cet état de désolation.

    Donc comment être heureux ? Une seconde, cet oiseau qui passe et mon cœur sourit, une seconde un visage d'enfant meurtri, un charnier, une fracture dans l'os, une gorge ouverte et toutes ces images qui se bousculent en moi dans une ronde infernale.

    Je t'ai dit que j'étais heureux, que voulais-je donc dire en ce moment là ?

    Qu'il fallait y croire ? Qu'il fallait continuer ? Que tout allait s'arranger ?

    Parce que nous n'étions pas seuls ? Parce que si nous changions une chose en nous, le monde en changerait mille en lui ?

    Je ne me souviens plus pourquoi je t'ai dit cela (Rires).

     


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  • Tressaillement de l'âme

    Dans les lueurs irisées

    Prise au piège de son doux rêve

     

    Papillon déconcerté

    Par le goût, le toucher

    Ne plus rien reconnaître

    Et ce qui ne se connaît pas

    Qu'aucun sens ne peut répertorier...

    Les synapses s'affolent

     

    S'ouvrir encore,

    Plonger en cette vue profonde

    Mourir et naître

     

    A chaque instant, ce jeu-là se fait

    Un court instant que nous ne percevons pas

    Parfois...

     

    Impossible à dire si cela a duré

    Si quelque chose de la personne

    A investi ce mystère de la vie

     

    Alors, le voile en un chant murmuré

    Vibre doucement l'air, là devant les yeux

    Devant cette âme plus sage, plus posée.

     


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  • Le cerveau humain, peut-il, en conscience, faire l'expérience de l'omniscience ? J'entends pas omniscience la connaissance directe ?

     

    T'entends quoi par connaissance directe ?

     

    Je crois, la connaissance sans filtre aucun, sans représentation.

     

    Ça ne peut exister, cela qui dit connaissance dit existence.

    C'est qui, qui connaît ? Telle est la question.

    Après cette question, il y a une autre question.

    Ce qui est dans quelle condition ?

    Mais il y a toujours un « qui ».

    Ce qui implique une connaissance relative à ce « qui ».

     

    Oui, j'entends ce que tu dis... tant qu'il y a un qui, cela est impossible, le qui est le filtre et en même tant la possible connaissance.

     

    Oui.

     

    Mais tu sais... peut-être dans cet état de conscience si particulier, que tu appelles le lieu sans pitié, où présence et absence sont en même temps... peut-être quelque chose de cet ordre-là ?

     

    Non, chaque état génère son propre système d'alignement, ou d'agencement. Ce qui confirme encore la relativité.

     

    Pour toi, le fait d'être « vivant » ne se peut qu'à cette condition, c'est ça ?

     

    Oui.

     

    Toujours un alignement, réexplique-moi ce que tu entends par alignement.

     

    C'est l'ajustement qui se fait entre les émanations -matrice de toutes les formes- entre les émanations de notre être et celle du monde autour.

     

    Plus l'ajustement est précis, comme l'ajustement de deux pièces mécaniques, plus la conscience est clair, vaste, silencieuse... mais reste toujours un espace... oui, je me souviens tu avais parlé de cet espace, nécessaire pour que la forme soit.

     

    Non, tu ne saisis pas. L'alignement est toujours précis. Il est exactement ce qui peut se produire dans un instant à l'intérieur d'une personne. Il est différent pour chaque personne et pour chaque instant.

     

    C'est donc toujours parfait en tout point.

     

    Ce qui fait que ce qui prend forme ne prend forme que pour une seule personne et pour un instant.

    La chose perçue, est le produit de l'alignement, elle est aussi unique pour chacun et chaque instant parce que les choses n'ont pas de formes en vrai. Elles n'en ont qu'à l'intérieur du processus relatif de la perception et ce processus dépend de chaque personne et de chaque instant.

    Si les choses avaient une forme bien définie, tout le monde les percevrait de la même façon. Mais c'est faux, tu regardes ton enfant et ce que tu vois est extraordinairement différent de ce que voir ton mari, cependant vous faites abstraction de ces différences, et pourtant les humains s'arrangent pour créer un faisceau qu'ils appellent le « conscient collectif ». C'est-à-dire ce qu'ils peuvent bien partager en conscience, rejetant tout le reste.

    Tout le monde est persuadé de voir le même bouquet de fleurs, et pourtant un bouquet de fleur fait parti de la liste des produits du « conscience collectif », mais personne ne voit les couleurs et les formes de la même façon.

    Là pour illustrer l'exemple, je cite un fait qui concerne les yeux, mais par tous les canaux de la perception il en va de même.

    Et c'est encore plus vrai pour ce qui concerne la conscience profonde, c'est-à-dire celle qui ne passe pas par les tuyaux des sens organiques.

     

    La peur d'être unique, séparé des autres … participe forcément de cette ignorance, et pourtant...

     

    Voir que les choses n'ont pas de formes fait de nous de grands savants (rires). Un grand savant est celui qui sait ne point pouvoir savoir, sait qu'il n'y a rien à savoir puisque tout dépend de notre alignement.

    Ce qui est une autre façon de dire que cela dépend de ce que nous voulons bien, ou pouvons bien voir dans l'instant.

    Les formes se mettent à notre service personnel et individuel en fonction de ce que nous pouvons, voulons bien voir dans l'instant.

    S'éveiller est agir sur ce « pouvons », « voulons » afin que les choses ne soient plus des jouets entre les mains de nos caprices.

     

    Et de nos peurs !

     

    C'est la même chose.

     

    Oui. Ce que tu montres là... je suis en mesure de l'entendre sans que cela dise « non » en moi. Le silence, la méditation, permettra plus encore. Cela rend caduque tous les idéaux, les concepts philosophiques.

    Oui, une large porte... encore que là, je crois bien qu'il n'y ait plus de porte du tout (Sourire).

    Il faut une bonne assise psychologique pour que d'autres alignements se fassent, n'est-ce-pas ?

     

    Les alignements se font qu'elle que soit l'assise psychologique, ils se font pour tout ce qui vit. Ils se font en plus grand quantité chez l'idiot que chez le sage et plus on est éveillé, moins d'alignement il y a, puisque moins de caprice il y a. Je veux dire que ce n'est pas la quantité des alignements ou celle de la perception qui fait la richesse de notre communication avec le monde.

     

    C'est comme les rêves la nuit.

     

    Oui.

     

    Mais alors moins d'alignements... que deviennent les formes ? Les vois-tu dans leurs aspect illusoire ?

     

    Elles sont plus évanescentes, plus souples, moins prisonnières de nos fantasmes.

     

    Ah, comme lorsque le ciel vacuité fait vibrer les couleurs et les formes ?

     

    Le ciel vacuité (rires) est une chose pour toi. Je conduis ma voiture en ne regardant que très peu, comme je fais tout d'ailleurs.

    Les yeux ouverts mais fermés au fond. C'est pareil avec la musique, si bien que lorsque j'entends un morceau, j'entends des tas de choses qui ne sont pas écrites sur la partition de papier, mais dans celle du sang de l'interprète.

     

    Cela est se couper de « la bonne forme, celle qui est attendue, convenue par tous ?

     

    Il n'y a pas de bonne forme, Michelle. Il y a évanouissement des formes.

     

    Je peux te donner l'impression de ne rien comprendre, et forcément que je ne comprends pas vraiment, mais cela fait écho en moi, vraiment.

     

    Oui.

     

    Nous y croyons à cette forme commune, et même, nous nous battons pour elle, au nom de la patrie. C'est fou !

     

    Oui.

     

    Bon sang, ça c'est vraiment révolutionnaire.

     

    (Sourire)... C'est la chose la plus vieille du monde aussi.

     

    Oui, révolutionnaire pour nos façons de faire, pas pour le monde, pas pour toi, pas pour les éveillés.

     

    Tu sais que je t'ai déjà dit tout cela hein ?

     

    Oui, je sais, plein, plein de fois, même tu as sûrement fait que ça, en mots, et dans le silence.

     

    Oui (sourire)...

     

    Oui, mais à chaque fois un nouvel alignement.

     

    Mais ton alignement est autre cette fois-ci. (Rires). Et les précédents ont été utiles pour celui-ci, comme ce dernier le sera pour le suivant.

     


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