• De la souffrance (22)

    Le passage d'une lueur à travers la brume

    Elle vient de l'autre côté, celui qui parle avec le monde

    Il envoie ses images flottantes comme des plumes

    Sur un vent d'esprit continu qui inonde

    La face rationnelle de ma personne.

     

    Le voici bousculé dans son sommeil

    Saisissant autant que possible ces runes

    Comme des papillons dans son filet de treille

    Il court, il court par-dessus les dunes

    Pauvre comme un insensé qui raisonne.

    Merci à toi de m'avoir invité à marcher à tes côtés.

     

    Il y a quelques fois cette tristesse de plomb qui m'envahit, je sais que la laisser faire serait encore plus triste, laisser l'expression d'une perversité. Je n'aime pas me sentir faible, et je me sens faible lorsque je laisse s'imaginer en moi, une cause justifiée au regret, au souvenir de la douleur, ou encore à une peur de ce qui peut venir.

    La force est là, la force réelle et belle. Elle est dans le rappel de la conscience au présent, rien n'a suivi derrière nos pas et il ne sert plus à rien de nous inventer quelques raisons de frayeur. Comme je n'aime pas me sentir glisser sur le toboggan de la plainte, entendre en moi la voix qui veut me vendre au plus offrant en criant « regardez-le ! Regardez comme il a souffert et voyez comme il est prêt encore à souffrir!! »

    Il y a quelques fois ces deux ou trois larmes qui coulent au coin de l’œil, sans doute viennent-elles d'un pays enfoui dans ma mémoire, un pays si sec qu'on ne verra aucune oasis, une terre brûlée et stérile où l'air y a le goût de l'urée acide.

    Et il me vient le désir de les regarder s'écouler sans jugement, de les goûter de la langue, avec sur le visage la même expression que celui qui contemple son album photo.

     

    Tu vois Michelle, ces larmes sont encore un défi, elles me narguent et me tendent des cordes au travers du chemin.

    Mais comme elles sont touchantes, comme elles me séduisent avec leurs parfum d'humanité. Je ne veux surtout pas céder à leur charme.Vouloir les bannir à jamais serait encore leur accorder trop d'attention, alors je les laisse couler lorsqu'elles le veulent, mais pas plus de trois ou quatre, au-delà ce serait faiblesse.

     


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