• De la souffrance (21)

    Aujourd'hui ce fut une journée difficile, je me suis souvenue du chemin où un jour tout était facile comme si tout portait, et tout à coup comme si c'était l'inverse qu'il faille tout porter.

    Aujourd'hui j'ai labouré la terre.

     

    (Sourire)... tu as semé ?

     

    C'est ce que j'ai fini par me dire.

    Parce que même si on admet qu'il est naturel, ce mouvement est forcément par moments un effort.

    Alors la souffrance dont tu parlais a-t-elle à voir avec ça ?

    Y-a-t-il réellement une souffrance de l'esprit qui ne soit pas la conséquence d'une résistance psychologique ?

     

    La souffrance est nécessaire parce qu'elle fait partie du principe de l'évolution. Un sujet qui ne souffrirait pas programmerait en lui des messages de dégénérescence.

    La façon dont on traverse les instants de la vie engramme des messages codés génétiquement.

    Si ces messages disent « la vie est cool ici » d'une façon trop répétitive, les codes enregistreront cette valeur et il s'en suivra que moins de moyens de défense ou d'aptitudes seront entretenus.

    C'est ce qui se passe par exemple dans la culture des plantes, le fait de les cultiver représente une forme d'assistance pour elles.

    Ainsi, la vie leur est plus facile dans un premier temps, dans un second temps, leurs agresseurs deviennent plus dangereux, ce qui nous entraîne dans une spirale montante et perverse. Il nous faut développer de plus en plus de moyens pour lutter contre leurs agresseurs et ceux-ci, au contraire encodent des messages qui disent : « P... la vie devient rude ici ! ».

    Ainsi leur programmation les dote de moyens de défense encore plus efficaces.

     

    Oui, nous faisons partie de ce mouvement du vivant, et considérer la souffrance comme signe d'échec est contre nature. Se complaire en elle aussi. Lutter contre elle aussi.

    Vivre cela en paix, enfin la paix n'est pas le bon mot. Juste sans se faire plein d'idées négatives sur le sujet, vivre l'instant. C'est ça, non ?

     

    Voir, c'est accepter. Lorsque tu fais l'expérience de ce phénomène, tu comprends vraiment que ta souffrance t'a fait grandir. Si tu sais être honnête avec elle, et ne pas oublier qu'elle fait partie des artisans qui te forcent à te dépasser.

    Éprouver un regret représente une forme d'ingratitude et d'hypocrisie.

    Regretter la souffrance, c'est comme refuser le cadeau de la vie qui nous est fait. Mais aussi au monde lorsque la vie décide de nous faire le cadeau de mourir.

    Quand je meurs, c'est un cadeau que je fais au monde.

     

    Ces mots-là sont pleins de lumière, et je suis en accord parfait avec eux. Oui, il y a des jours où l'on porte quelque chose qui n'est pas seulement de sa personne. Le vivre comme un cadeau...

    Cela change tout, sauf si on s'en fait un orgueil.

    Mais la vraie souffrance ne laisse pas la place pour ce genre de fantaisie. Oui, pas de place pour ça.

     

    Regretter sa souffrance c'est la multiplier par quatre.

    Les « agents d'encodage » ne savent plus comment traduire et entraînent une attitude interne périlleuse, ce que la science appelle « la dépression ».

    Les données ajoutées par la multiplication ne s'engramment pas de la même façon, elles ne trouvent pas les bonnes cases.

     

    Oui, ça c'est quand la souffrance s'installe.

     

    Ce n'est pas la souffrance qui s'installe. La vraie souffrance ne s'installe jamais. J'aime beaucoup une phrase de Nietzsche qui dit : « Ce qui ne te tue pas te rend plus fort ».

    La vraie souffrance ne s'installe pas, parce qu'avec elle il n'y a qu'une seule alternative survivre, ce qui signifie s'adapter et triompher, ou mourir.

     

    Il en est ainsi, alors qu'est-ce qui s'installe ? L'image du moi en souffrance ? L'auto-apitoiement ?

     

    Oui.

     

    Cette attitude face à la souffrance est malmenée par l'ambiance générale, la souffrance est très mal considérée.

     

    (Rires)... on s'en fiche de comment on peut la considérer, elle a quatre milliards d'année !

     

    Mais la personne doit faire deux choses, avoir une juste attitude face à la vie et faire face à toutes ces influences pernicieuses de la « bonne pensée » qui n'est pas la juste pensée.

     

    J'en vois toujours qu'une seule. Les influences n'existent que si on le veut bien.

    Je veux parler de celles qui nous inciteraient à penser d'une façon ou d'une autre.

     

    Oui, c'est une affaire d'ego, d'image de soi, je suis d'accord, toutes les influences passent par ce canal.

    Alors, on peut dire qu'il n'y a pas d'état stable comme la félicité, cela est impossible, pas de vie dans ce cadre-là.

     

    La stabilité est justement assise en équilibre entre joie et souffrance, la voie du milieu.

     

    Tu parles là de la juste attitude face au mouvement de la vie ?

     

    Oui.

     

    Regarder ce que la vie fait en nous.

     


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