• De la souffrance (14)

    Oui, Ron, du fait qu'il faille du temps pour en finir mais pourquoi du temps alors que ce ne sont que des souvenirs ?

     

    Ce n'est que le temps pour la compréhension rien de plus. Les blessures se guérissent tout de suite pratiquement. C'est notre position d'esprit par rapport à elles qui pose un problème si nous considérons que nous sommes blessés nous le sommes.

     

    Si j'admets que cela est fini, la blessure n'est plus.

     

    Oui, c'est comme ce que tu disais pour l'amour si nous considérons que nous pouvons aimer nous aimons.

     

    Tu disais que nous sommes attachés à nos plaies ?

     

    Oui je le crois, nous protégeons nos souffrances. Ce mendiant couché au sol expose son infirmité, elle est devenue son amie maintenant, parce qu'elle lui permet de manger.

    Il place sa confiance en elle, comme il a placé la marque de son identité, et lorsqu'il ne sait plus qui il est, quand au hasard d'une cuite il se réveille hagard, le regard évanoui, sa main se cherche. Son être tout entier se cherche, son nom n'est plus réellement Pierre ou Paul, mais « je suis cet infirme qui dort dans telle cave et mendie dans tel quartier ».

    Car ainsi deviennent nos souffrances coutumières, le support de ce que nous confondons avec notre « être », la « personne ». Comme il est clair que la personne en nous a plus de valeur que l'être, et comme il est évident qu'elle aime la souffrance, parce que celle-ci la gonfle d'importance.

    Que serions-nous devenus sans nos souffrances ?

    Ne sont-elles pas comme des bouées qui nous maintiennent à la surface, nageant d'un bras et par ce fait, tourner en rond, limitant notre horizon aux murs de nos piscines intérieures.

    Un jour j'ai vu cela. En moi, je me suis regardé pleurant, je me suis vu dans cette attente.

    Je jetais un œil innocent et triste aux passants me disant intérieurement : je suis beau puisque je souffre ! C'est donc que ma vie a un sens ! Je dois avoir raison ! C'est donc que je suis vivant !

     

    C'est parce que nous nous souvenons des souffrances du passé que nous appréhendons celles à venir. Cherche ce paradoxe de la vie qui sait la souffrance comme une condition nécessaire, qui la craint tout en la recherchant encore, car rien mieux qu'elle nous donne le reflet aussi profond de notre présence.

    Nos rires, nos moments de joie nous sont réservés dans notre inconscient comme ces moments de récréations. Ces pauses dans la cour de l'école qui permettent à l'élève de se remettre dans les meilleurs conditions de « création ».

    Nous jouons sans le savoir le jeu de la vie sur cette terre ; souffrir puis se reposer de souffrir, puis souffrir encore. L'illusion étant dans cette crainte, cette attente de la prochaine vague qui double le temps de la souffrance ? Ainsi, celle-ci n'est plus ce qu'elle doit être, car aucune souffrance ne l'est davantage que l'attente, que le doute, le remord, la crainte. Soit, la vie est alternance de souffrance et de paix, mais qui avons-nous ajouté ?

     


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