• De l'instant (7)

    J'aimerais que tu me parles de ton rapport au temps, le mot souvenir est très présent, comme quelque chose de prégnant en toi.

    As-tu remarqué, dans ce dernier message que tu m'envoies, tout ce qui concerne notre relation, tu en parles au passé ?

     

    Ton écriture vois-tu, je la reçois avec le regard du renard sur les champs de blé, c'est un moment de tendresse matinale, et c'est le matin qu'il est le plus propice à ma réponse.

    Ce sont les pièges de la grammaire qui m'ont fait parler de notre relation au passé, parce que j'avais en tête les tout premiers moments de notre rencontre, ceux qui nous offrirent les premiers pas, et ces premiers moments appartiennent au passé. Chaque jour est bien présent et rempli de notre relation bien vivante qui n'a ni le visage d'hier, ni celui de demain.

     

    Tu as raison, le mot souvenir, l'acte lui-même est très présent en moi, il me semble que je suis fait de souvenirs, que la plupart ne sont pas les miens. Il me semble que je porte la mémoire d'une espèce, celle à laquelle  j'appartiens.

    Mais je porte aussi des souvenirs de temps non encore advenus, c'est très étrange et c'est ainsi depuis mon plus jeune âge.

    C'est évident que cela a donné une tournure très particulière à ma vie, en fait c'est là, je dois conjuguer à chaque instant avec cela.

    Mais pourtant le flot de ces souvenirs est docile, il ne donne pas de grands coups de pieds sur la porte, il ne se manifeste que lorsque mon esprit se met dans un mode qui lui laisse la piste de danse.

    Car, paradoxalement, je ne suis pas psychologiquement lié au passé, pas plus qu'à l'avenir. Tu sais, cette fameuse présence à l'instant, ou de l'instant, c'est cela ma permanence, ce qui n'est pas simple en vérité. L'acte lui-même est fort simple, puisqu'il glisse sur moi sans que je le veuille, sans que je l'attende, mais cet acte/non-acte, est si peu adapté à la vie agitée de notre monde, si dérangeant pour ceux qui en sont les témoins sans pouvoir comprendre, parfois aussi se sentent-ils victimes de ce qu'ils comprennent comme une « absence » à eux.

    Ma mémoire face à ces instants de vie n'a pas su s’adapter, elle a certainement renoncé, depuis que ce fonctionnement a commencé à me pénétrer, tout ce qui advient ressemble à ces traces dans le sable, je dois me contenter de cette « éphémérité », mon visage et tous les visages s'effacent et se reconstruisent, toujours nouveaux l'instant suivant.

     


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  • Commentaires

    1
    Anne Françoise
    Dimanche 16 Avril 2017 à 10:31
    Beauté
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    2
    Lundi 17 Avril 2017 à 04:21

    Merci Anne Françoise.

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